Besoin criant de pharmaciens dans les urgences

SANTÉ. Selon la dernière enquête de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), 37 % des besoins en pharmacie dans les urgences de l’Estrie ne seraient pas comblés. L’APES implore le gouvernement de se pencher sur le dossier.

La situation en Estrie est la même que dans les autres régions du Québec. Le vieillissement de la population, la multiplication des maladies chroniques ainsi que la complexité et le coût considérable des médicaments ont augmenté les besoins pharmaceutiques, et ceux-ci continueront d’augmenter, selon la pharmacienne et directrice générale de l’APES, Linda Vaillant.

« La situation est très inquiétante, puisque l’on retrouve davantage de patients vulnérables qui requièrent des traitements médicamenteux plus importants que la moyenne des gens. L’objectif de notre enquête n’est pas de faire peur, mais de souligner au gouvernement qu’il faut agir maintenant avant que le problème ne s’aggrave », insiste Mme Vaillant.

Elle ajoute que non seulement l’augmentation du nombre de pharmaciens serait bénéfique pour la santé des patients, particulièrement dans certains secteurs comme en oncologie et en dialyse rénale où les besoins sont encore plus importants, mais permettrait aussi d’aider à réduire le temps d’attente dans les urgences.

« Sans dire que ça désengorgerait nos établissements, une bonne proportion des gens qui viennent à l’urgence sont là pour un problème qui est relié aux médicaments. Le rôle du pharmacien est d’identifier si c’est le cas et si oui, d’hospitaliser le patient au besoin ou mettre sur pied une autre méthode thérapeutique. Il assure ainsi la fluidité de la salle d’urgence. »

DES SOLUTIONS POTENTIELLES

Selon l’APES, la réponse à cette problématique se trouve principalement dans la valorisation de la profession. Mentionnons que pour pratiquer dans les établissements de santé gouvernementaux, un pharmacien doit étudier deux années supplémentaires à la maîtrise en plus des quatre ans au baccalauréat, sans pour autant avoir de meilleures conditions de travail. 

« Un étudiant qui termine sa formation est déjà fortement sollicité au privé et peut rapidement aller chercher un salaire supérieur à celui qu’il ferait dans nos urgences, indique Linda Vaillant. Il faut trouver un moyen d’attirer les jeunes vers le programme de maîtrise puisque pour l’instant, ils n’ont pas réellement intérêt à poursuivre leur parcours. »

Parmi les solutions proposées par l’APES, autre que l’amélioration des conditions de travail, l’octroi d’un certificat de « spécialiste » permettant une pratique autonome serait une avenue intéressante pour les jeunes. « Nous avons déjà exploré l’idée avec des étudiants qui nous ont confirmé que ça les inciterait à faire leur maîtrise », partage la pharmacienne de profession.

PASSER À L’ACTION

L’association demande à ce que le gouvernement du Québec, plus particulièrement le ministère de la Santé, prenne le temps d’étudier la situation afin de poser des actions concrètes rapidement et efficacement. Mme Vaillant tend à dire que celui-ci est conscient du problème, mais tarde à agir en conséquence. « Je sens qu’il y a un intérêt, mais il ne se passe rien. La première étape est de regarder le plan de main d’œuvre en pharmacie et se demander si on produit assez de pharmaciens. Probablement qu’on va constater qu’on n’en a pas suffisamment. Il faut se mettre en marche maintenant, puisque ça prend du temps former un pharmacien et plus on attend, plus la réalité sera critique. »