Évelyne Beaudin joint sa voix à celle de la mairesse de Gatineau
MUNICIPAL. À la suite de la démission de la mairesse de Gatineau, France Bélisle, jeudi matin, son homologue Évelyne Beaudin a dénoncé le climat toxique en politique municipale, comparant notamment sa situation à celle qu’elle vit actuellement à Sherbrooke.
« C’est avec énormément d’émotions que j’ai reçu la nouvelle de la démission de ma collègue, amie et confidente, France Bélisle, a débuté Mme Beaudin, après un grand soupir. Une humaine exceptionnelle et une femme forte. »
Rappelons que Mme Bélisle a annoncé sa démission plus tôt dans la journée, évoquant notamment le climat hostile de son environnement municipal, des menaces de morts provenant du public et implorant le gouvernement à effectuer une réflexion sur « l’exode des élus municipaux ».
« J’espère que son cri du cœur sera entendu, de poursuivre Mme Beaudin. Je ne compte plus le nombre de fois où moi aussi j’ai eu envie de crier et où j’ai senti qu’on ne m’entendait pas.»
La mairesse de Sherbrooke compare la réalité de son homologue à la sienne depuis son entrée en poste, particulièrement lors des derniers mois. « En regardant France ce matin, je me suis vue à travers elle, témoigne-t-elle. La similitude de nos situations est à se jeter par terre. Pour chacune de nous, c’est la première fois qu’une femme occupe le poste de mairesse dans une grande ville. Un conseil municipal divisé entre indépendants et parti politique, de la tension entre les élus et le traitement médiatique. »
Lorsque questionnée à savoir si elle avait aussi envisagé se retirer de la politique municipale, Évelyne Beaudin a admis avoir considéré cette alternative. « Je vous mentirais si je vous disais que ça ne m’avait pas traversé la tête. Ce qui m’a empêché jusqu’à maintenant de poser un geste comme celui de France, c’est mon parti politique et mon engagement envers celui-ci.»
UN APPEL AU CHANGEMENT
La mairesse de Sherbrooke a terminé son allocution en demandant au gouvernement du Québec d’agir pour mettre fin à cette « crise » municipale.
« Bien que France ait dit qu’elle parlait en son nom personnel, je crois qu’elle a parlé pour plusieurs élus. L’environnement dans lequel s’exerce la politique doit changer, insiste la politicienne. Je me tourne vers la ministre des Affaires municipales (Andrée Laforest) et l’ensemble de son gouvernement pour plaider en faveur de la mise en branle d’une démarche concrète et de grande envergure afin de remédier de toute urgence à la situation », complète-t-elle.
Rappelons que depuis les élections de 2021, un nombre record de près de 800 élus municipaux ont démissionné de leurs fonctions. « Actuellement, ce que l’on observe, c’est une démocratie municipale qui va mal. Les gens arrivent veulent changer les choses, mais se rendent comptent qu’ils ne sont pas capables de le faire et quittent le bateau », termine la mairesse de Sherbrooke.