La frousse d’une vie lors d’un « road trip » au Mexique

PÉRIPLE. « Les cinq minutes les plus terrifiantes de ma vie ! » Voici comment Jacob Lapalme qualifie la spectaculaire mésaventure qu’il a vécue le 17 février dernier, alors qu’il voyageait avec sa copine sur les routes du Mexique. Le Sherbrookois s’est retrouvé à rouler à toute allure, poursuivi par une voiture suspecte à des centaines de kilomètres de chez lui.

« Honnêtement, je ne sais même pas où commencer, admet Jacob en entrevue avec le Sherbrooke.info, quelques jours après l’incident. En « road trip » pour aller visiter sa cousine à Tulum, le Sherbrookois et sa copine, Anna, ont décidé d’emprunter les routes mexicaines en compagnie de leur chien. »

Étant au courant des risques pour les touristes reliés aux cartels et aux « policiers corrompus », ils ont pris l’initiative de faire de longues recherches pour rendre le tout le plus sécuritaire possible. « On a vérifié sur plein de sites afin de déterminer quel itinéraire était le moins dangereux et nous nous sommes engagés sur l’autoroute 85D, à partir de Nuevo Laredo. Il faut préciser qu’on roule en VUS avec toutes nos affaires et du matériel sur le toit. C’est pratiquement écrit touristes sur la voiture. »

CINQ MINUTES EN ENFER

Plus de deux heures après avoir traversé la frontière, quatre passager, visiblement locaux et à bord d’une berline endommagée, indiquent à Jacob de se ranger en bordure de l’autoroute, brandissant ce qui ressemble à un cellulaire et un portefeuille. Ne voyant ni gyrophare ni arme, le Sherbrookois leur fait signe qu’il ne compte pas s’arrêter.

« Ce n’était clairement pas la police et puisqu’ils ne semblaient pas être armés, probablement pas des membres d’un cartel. Je leur ai donc dit non je ne m’arrête pas, et c’est là que ça a commencé », indique Jacob Lapalme.

Les quatre individus commencent à feinter d’entrer en collision avec le véhicule de Jacob et Anna à plusieurs reprises. Par réflexe, le Sherbrookois appuie sur l’accélérateur dans l’espoir de semer ses poursuivants. « Je roule à 150 km/h mais à cause de tout ce qu’on traîne, je ne peux pas aller plus vite. Ils me rattrapent facilement. En même temps, ma blonde appelle le 911, mais on n’a aucun signal, comme s’ils savaient que rien ne captait à cette hauteur », témoigne-t-il.

La course effrénée dure quelques minutes, mais paraît comme une éternité pour le couple. « À un moment donné, je me rends compte qu’on va se tuer si on continue à rouler comme ça. Il n’y a pratiquement aucun autre véhicule sur la route, mais j’ai peur de perdre le contrôle. Je ralentis et eux en profitent pour se placer devant et freiner, me forçant à m’arrêter. »

Immédiatement, les quatre hommes sortent du véhicule et se dirigent vers le VUS. « Je n’ai même pas hésité, je me suis mis sur le reculon et j’ai fait marche arrière à contre sens sur une bonne distance. Ça a semblé les décourager et ils sont finalement partis. »

Après l’incident traumatisant, le couple a continué à rouler pendant une quinzaine de minutes, toujours sous le choc. Ils ont finalement choisi de rebrousser chemin et de retourner aux États-Unis par des routes secondaires, par peur de se faire retrouver.

« Quand on est arrivé au poste frontalier, le douanier trouvait évidemment ça suspect qu’on soit de retour aussi tôt et a inspecté notre auto pour voir si nous rapportions de la drogue. On a raconté notre histoire à lui et un de ses collègues. Il finit par me prendre à part et me dire que j’ai bien fait de ne pas m’arrêter, parce que selon lui, des gens comme ça, en plein jour sur une autoroute payante, ils ne prendront pas le temps de fouiller et vider la voiture. Il continue en supposant qu’ils nous auraient probablement kidnappés pour du trafic humain », témoigne le Sherbrookois.

LEÇON APPRISE

À tête reposée, le couple a modifié son périple pour demeurer aux États-Unis. Ils ont cherché à savoir si d’autres voyageurs avaient vécu ce qu’ils ont subi.

« J’ai fouillé un peu et certaines personnes ont partagé avoir eu des expériences similaires, explique Jacob Lapalme. Honnêtement, je pense que c’est très rare et qu’on a été extrêmement malchanceux. Mon but n’est pas d’effrayer les gens en leur disant de ne plus voyager au Mexique parce qu’ils vont se faire enlever ou tuer. Je crois que notre expérience est surtout un rappel d’être vigilant et conscient des risques lorsque tu décides de t’aventurer seul dans un pays étranger. »