Le journalisme, une passion inébranlable

JOURNALISME. Serge Denis faisait partie des meubles dans les bureaux du quotidien La Tribune depuis 1992. Ce dernier a accroché son crayon le 29 décembre dernier en même temps que la dernière édition papier du quotidien sherbrookois.

« Le papier me tient à cœur. Je voulais quitter en même temps que lui », a-t-il dit.

Rencontré chez lui, M. Denis a sorti une énorme boîte avec plusieurs journaux de différentes époques, autant des éditions de 1919 que le dernier en 2023. Émerveillé devant ses reliques, il était fier de son parcours. Ce dernier a exécuté plusieurs rôles au sein de la salle de rédaction à travers les années.

« J’aimais le métier, mais je ne pensais pas être assez bon pour être journaliste. Je n’ai jamais eu l’impression d’être imposteur parce que je savais que j’avais une bonne plume, mais je suis une personne qui travaille généralement lentement, ce qui n’est jamais une bonne idée quand tu veux devenir journaliste. Je suis devenu meilleur avec le temps. On finit par se faire un petit nid et on s’habitue », image-t-il.

Avant de signer des textes journalistiques, sa carrière dans le quotidien sherbrookois a débuté en étant commissionnaire à partir de 1981 à l’âge de 17 ans.

« Ç’a été mon premier emploi. Concrètement, c’était d’aller chercher des pages et des photos, couper les articles et trier les nouvelles qui arrivaient par le téléscripteur. Ça roulait toute la soirée et il fallait changer les rouleaux », partage-t-il.

Il a chéri chaque moment dans ce métier. Celui-ci a passé une grande partie de sa carrière comme pupitreur, qui consiste à faire la mise en page du journal et vérifier tous les textes pour s’assurer du meilleur rendu.

« Le pupitre est un véritable travail d’équipe. Le journaliste, il est un peu dans sa tête et écrit son texte, mais les pupitreurs doivent travailler ensemble. On pouvait être une équipe de cinq à l’époque. Il a une véritable pression dans ce poste car on devait rendre les pages pour minuit. Il avait une fébrilité pour les articles de sports comme les résumés de matchs du Phoenix, des Castors ou les Faucons, des évènements qui finissent tard », mentionne-t-il.

Les soirées d’élections

Les soirées électorales ont une saveur spéciale pour Serge Denis. Ces soirées sont intenses, remplies de surprises, mais surtout teintées d’une puissante fébrilité.

« Les soirs d’élections sont toujours spéciaux, on sait qu’on va être serré dans le temps. Il y a toujours une excitation ces soirs-là. Il y a l’attente qui ne finit pas, mais quand les résultats sortent, c’est une grande course contre la montre pour terminer à temps », lance-t-il.

M. Denis garde un bon souvenir des fins de soirée s’écrivaient toujours à la fin de la soirée.

« Ce sont des soirées de fébrilité à leur apogée. Ce qui est drôle est que lorsque tous les journalistes ont terminé, il y a toujours ce moment dans la soirée où les journalistes ont remis leurs textes, ils se prennent une petite bière dans la salle de rédaction, ils parlent fort, mais les pupitreurs sont encore en train de se concentrer pour terminer le journal », rigole-t-il.

Une transformation positive

À travers les années, M. Denis a été témoin des changements technologique importants au sein de la salle de rédaction. Une transformation qui aide grandement les journalistes selon lui.

« La technologie a allégé les tâches. Elle a ramené le journalisme à son essence qui est d’avoir l’information la plus juste, fouillée et livrée le plus rapidement possible. Dans les trois cas, la technologie est un secours immense », partage-t-il.

Il n’en demeure pas moins qu’il reste toujours très attaché à son journal papier.

« Moi je suis un défenseur du papier. J’aurais aimé que La Tribune continue à publier sa publication hebdomadaire. Je n’étais pas content quand ils ont abandonné le papier, je trouve qu’il a une intimité que le lecteur ne retrouvera jamais dans une application », termine-t-il en ajoutant qu’il comprennait le virage numérique.