« L’effet domino » des batteries lithium-ion

SÉCURITÉ INCENDIE. Avec l’arrivée de la saison printanière, le Service de protection contre les incendies de Sherbrooke (SPCIS) fait appel à la vigilance concernant l’entretien des batteries de lithium-ion qui se retrouvent dans les trottinettes, vélos et véhicules électriques qui peuvent causer des incendies « extrêmement rapidement et très violents ».

Ce type de batterie est composé de milliers de cellules pour une voiture et d’une quinzaine pour un vélo. Chacune équivaut à plusieurs « petites batteries » rassemblées les unes à côté des autres dans un bloc. Lorsque l’une d’entre elles surchauffe ou prend feu, cela peut créer un « effet domino ». Cette réaction est appelée « emballement thermique ».

« Ce qui cause l’incendie, c’est la défectuosité de l’une des cellules. La plupart du temps, c’est à la suite de modifications de la batterie ou par l’utilisation d’un mauvais chargeur qui peuvent créer une réaction à la chaîne », précise Alexandre Groleau, chef de division Intervention au SPCIS.

« Il est là le risque, car il va y avoir des explosions de cellules et un grand dégagement de chaleur. Une fois que l’emballement thermique est débuté, c’est extrêmement rapide et très violent. Cela donne peu de temps aux gens pour réagir », raconte M.Groleau.

Dans ce cas, le détecteur de fumée n’alertera pas nécessairement les personnes à l’intérieur d’un bâtiment. Lorsque de la fumée provient d’une trottinette ou d’un vélo électrique, cela indique que la batterie pourrait prendre en feu dans les « quelques secondes ».

« Quand les pompiers arrivent, le brasier a déjà pris une ampleur assez importante dans la résidence », explique M.Groleau, en précisant que c’est seulement lors de l’enquête de cause des incendies qu’ils constatent s’il s’agit d’un feu de batterie.

Il assure que l’ensemble du personnel du SPCIS a été formé et équipé pour intervenir dans ces situations. « C’est un nouveau phénomène, on ne veut pas être en réaction, on veut être en prévention », ajoute-t-il.

Moins dispendieux, mais moins sécuritaire

« L’important c’est la prévention et la maintenance. Les citoyens doivent écouter les recommandations des fabricants. Lorsqu’on a un véhicule électrique, on le fait réparer et entretenir chez les spécialistes formés pour ça. On ne va pas au garage du coin pour jouer dans le système électrique de la voiture », explique M.Groleau.

Concernant les changements de batteries de vélos, « les gens optent souvent pour une solution économique. Ils auront tendance à chercher sur le web des batteries équivalentes pas nécessairement certifiées par des organismes gouvernementaux. Elles sont moins dispendieuses, mais moins sécuritaires », partage M.Groleau en précisant que les propriétaires doivent se fier à l’intégralité de celle-ci.

Dès qu’il y a une modification physique comme la déformation, une chaleur anormale du chargeur ou une décoloration, cela indique une défectuosité dans la batterie. Dans le cas échéant, il est conseillé de la mettre dans un lieu sécuritaire, l’enlever de la charge et aller voir des spécialistes.

En ce qui concerne les vélos électriques, M.Groleau invite les propriétaires à les laisser à l’extérieur le plus souvent possible.

Depuis le début de l’année, le SPCIS est intervenu pour deux incendies causés par ces batteries. Une situation impliquant un véhicule électrique et une autre avec un vélo qui a provoqué des dommages considérables à un immeuble à logement.

« On le sait que c’est un risque qui va augmenter avec les années », estime Alexandre Groleau.