L’importance d’une meilleure accessibilité universelle
ACCESSIBILITÉ UNIVERSELLE. L’accessibilité universelle est un « réel problème » à la Ville de Sherbrooke, selon l’organisme Promotion handicap Estrie. Cet enjeu doit être revu à la base, selon la directrice générale, Lyne Lecours, notamment afin d’offrir une meilleure qualité de vie aux personnes en situation de handicap.
Les problèmes sont nombreux, et ce, à tous les niveaux. Il faudrait, selon Mme Lecours, de nouvelles normes inclusives autant dans le code du bâtiment, les lieux publics que le transport en commun.
« Le code du bâtiment est tellement minimal que les promoteurs vont souvent ne pas penser plus loin que ce qui est écrit dans le code. Notre plus grosse bataille, je ne verrai probablement pas ça de mon vivant, c’est une loi qui oblige l’accessibilité universelle pour tous. Ça coûte beaucoup plus cher de modifier que de prévoir », explique-t-elle.
Quels seraient les changements prioritaires à réaliser dans le code du bâtiment ?
« L’une des priorités est l’accès au logement. Il faudrait que ce soit plus accessible. Par exemple, au lieu de mettre des portes de 34 pouces, si on pouvait mettre directement des portes de 36 pouces, ça réglerait déjà bien des soucis. Je voudrais qu’on conçoive avec les normes d’accessibilité universelle », d’ajouter Mme Lecours.
Également, selon elle, il faut que les promoteurs considèrent les besoins de tous et chacun lorsque vient le temps de construire.
« Ce n’est pas compliqué, mais cela pourrait permettre même aux personnes âgées en perte d’autonomie de pouvoir rester dans leur logement plus longtemps. C’est un environnement qui serait bon pour tout le monde », ajoute-t-elle.
Mme Lecours critique entre autres l’accessibilité universelle sur la rue Wellington Sud. Elle effectue à l’occasion des marches « observatoires » pour évaluer un lieu.
« Il y a presque toujours une marche ou des escaliers pour entrer dans les commerces. Souvent, les toilettes ne sont pas accessibles. Prenons les parcmètres. Mes membres ne peuvent même pas payer parce qu’ils sont trop hauts. Bien qu’il y ait l’application pour payer en ligne, il y a un problème. On n’a pas construit en réfléchissant à tout le monde. »
Mme Lecours ajoute également que la crise du logement est «féroce» pour les personnes handicapées.
« Il y a un déséquilibre. La crise du logement est encore plus grande pour les membres parce que même s’ils obtiennent une subvention du gouvernement du Québec, il faut qu’on trouve le logement et ce n’est pas toujours facile », explique la directrice générale.
Elle cite en exemple la situation de l’un de ses membres qui a été en CHSLD pendant deux ans en attendant de trouver un logement qui correspondait à ses besoins « Est-ce que la salle de bain est accessible, est-ce qu’elle est assez grande ? Ce sont des questions qui semblent évidentes », insiste-t-elle.
Elle complète en soulignant que l’un des aspects souvent oublié est le social.
« Il est pratiquement impossible pour une personne handicapée d’être spontanée. Elle doit commander son transport adapté une semaine à l’avance. Sinon, elle doit payer un taxi adapté, alors qu’elle n’en a pas les moyens. Même si la STS est bien meilleure que le service de transport en commun à travers le Québec, il y a des améliorations à faire de ce côté.»