Obliger les industries et les commerces à gérer les matières organiques ?

ENVIRONNEMENT. Les résultats du bilan du projet pilote de collecte des matières organiques dans les industries, commerces et institutions (ICI) sont en bas des attentes selon une présentation à la commission de l’environnement, jeudi le 18 avril. Le succès de ce projet passerait peut-être uniquement par une réglementation selon le bureau de l’environnement. 

Les résultats du bilan du projet pilote de collecte des matières organiques dans les industries, commerces et institutions sont en deçà des attentes, selon une présentation faite à la commission de l’environnement le jeudi 18 avril. Le succès de ce projet passerait peut-être uniquement par une réglementation, selon le bureau de l’environnement.

Au total, ce sont 81 partenaires sur les 150 attendus qui participent au projet pilote. De ce nombre, 53 sont des industries, commerces et institutions et 28 sont des écoles du Centre de services scolaires de la Région de Sherbrooke (CSSRS). À noter que 256 ICI ont été visités et accompagnés pour tenter de les convertir.

Selon la directrice du Bureau de l’environnement, Ingrid Dubuc, l’un des problèmes actuels est qu’ils ont de la difficulté à entraîner les restaurateurs, qui génèrent «  énormément » de matières organiques, dans le projet ; certains sont même encore moins opérationnels.

« Parfois, c’est aussi simple que l’espace dans le stationnement qui n’est pas suffisant pour un bac, ou la quantité nécessaire pour répondre aux besoins. Même, parfois, la problématique est également liée à la manière dont le camion va pouvoir accéder », mentionne Mme Dubuc.

En complément, le chargé de projet en environnement, Patrice Charbonneau, ajoute également que l’impact de la pandémie peut expliquer la difficulté d’adhésion.

« Quand on a fait les démarches en 2021, on sortait de la pandémie, donc c’était un effort supplémentaire à mettre en place. On voit que la tendance est en train de changer, mais on pourrait mieux promouvoir le projet », explique-t-il.

Des quantités non suffisantes

La faible participation des commerces a aussi une incidence sur la quantité estimée des matières organiques récoltées depuis le début du projet. Selon l’agente de projet en environnement, Marie-Andrée Charron, « ce sont 58 tonnes par année qui ont été récoltées sur un objectif de 430 tonnes, qui était ambitieux, alors que l’objectif souhaité par Recyc-Québec est de 100 tonnes », a-t-elle dit au cours de sa présentation, en ajoutant que cette cible était basée sur le bassin du territoire.

La Ville de Sherbrooke est déficitaire actuellement dans ce projet pilote, selon les conclusions actuelles. Quatre solutions sont sur la table afin d’améliorer la situation : augmenter la tarification pour couvrir les frais de la collecte, augmenter le nombre de participants, envisager une réglementation pour contrer une approche volontaire non suffisante et déployer de meilleures stratégies de communication.

La faible participation a des conséquences financières qui approchent les 5000 $, malgré une subvention de 61 000 $.

Selon la conseillère du district de Rock Forest, il serait important de revoir la communication afin de s’assurer que les commerçants soient au courant de l’existence d’un tel projet.

« On n’a pas entendu parler du projet dans la communauté. Personnellement, je n’ai pas vu beaucoup de communications, les gens n’ont peut-être pas été interpellés. Je sais qu’il y a des entreprises qui souhaitent aller plus loin. Les commerces ne savent pas vraiment quoi faire. Il faudrait peut-être créer des tables de discussions et des concertations. C’est un bon défi, c’est mitigé comme résultat, je me serais attendu à plus », a-t-elle dit.

De son côté, la présidente de la commission de l’environnement, Joanie Bellerose, s’est questionnée sur le type d’accompagnement que la Ville devrait fournir aux différentes entreprises.

Rappelons également que le gouvernement du Québec s’est doté de la stratégie de la valorisation de la matière organique, qui obligera toutes les municipalités à gérer les matières organiques des citoyens et à gérer la matière organique dans 100% des industries, commerces et institutions d’ici 2025.