Raconter l’histoire des femmes, une toile à la fois

PEINTURE. Chevelure colorée, excentrique et historique, derrière chacune des oeuvres de la peintre sherbrookoise, Adèle Blais, se cache une histoire d’exception, parfois tragique et parfois cachée, d’une femme ayant accompli de grandes choses.

«Il faut être fort pour voir en dehors de la boîte et contester les modèles en place. Les femmes que je peins se sont toutes tenues droites envers et contre tous. Elles ont été critiquées et jugées. Elles se sont fait dire de rentrer à la maison et de fermer leur gueule « , affirme Mme Blais, assise en regardant l’une de ses oeuvres dans son atelier. 

Autodidacte, Adèle Blais utilise une technique, qu’elle-même a créée sans formation, et «sans rester dans le rang». Utilisant principalement l’acrylique et divers matériaux de collage pour mettre en lumière des femmes comme Anna Canfield, Rosalind Franklin, Irma Levasseur et Frida Khalo pour ne nommer qu’eux.

«Plusieurs personnes me disaient qu’il fallait que je fasse une formation, un chemin qui est tracé dans l’art. Mais les chemins alternatifs dans l’art existent.  Je sais qu’ils sont très insécurisants, mais en même temps, il faut des personnes qui pensent au-delà de la boîte. Si on pense tous pareil, il n’y a rien qui va se passer», mentionne celle qui peint depuis une vingtaine d’années.

Celle-ci ne se cache pas, elle vient d’un milieu modeste, évelée par une mère monoparentale. Malgré les difficultés dans le système scolaire, elle a toujours cru en son talent. 

«J’ai toujours eu de la difficulté à l’école, j’avais beaucoup de retard et j’avais de mauvaises notes. J’ai été une analphabète fonctionnelle jusqu’à 27 ans. J’ai toujours cru que je pouvais réussir.»

Ne sachant pas ce qu’elle voulait faire comme toile au début des années 2000, elle a eu la confiance d’une galerie à Montréal qui lui a laissé utiliser un local pendant six mois gratuitement. Un jour, une femme est entrée et un moment marquant s’est créé. 

«En regardant mes toiles, elle ne comprenait pas c’était quoi. Elle ne savait même pas pourquoi, mais elles lui ont faire vivre une émotion. J’ai compris que j’étais sur la bonne voie. Je ne veux pas m’adresser à l’élite, je veux juste toucher les gens, peu importe qui tu es», exprime-t-elle.

Des histoires d’exceptions 

Après d’innombrables heures de recherche, tous les éléments dans la chevelure de la femme qu’elle peint sont reliés d’une manière ou d’une autre à son histoire. 

«L’oeuvre est faite pour honorer cette femme, honorer son legs, faire connaître son histoire et sa contribution. Je veux démontrer avec l’art, de manière moins frontale, qu’on est en train d’arriver à notre perte. Les femmes doivent pouvoir contribuer, on a une façon de penser qui n’est pas meilleure, mais différente.»

Une visite marquante 

Au début du mois de janvier, Mme Blais a loué sa maison à Marie-Annick Lépine et ses enfants, la femme du chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay, décédé au mois de novembre après un combat contre le cancer. Dans une publication Facebook, Mme Lépine a louangé le talent de l’artiste sherbrookoise, ainsi que l’attention porté envers la famille, alors que des petits cadeaux les attendaient en arrivant.

«J’ai eu envie de faire attention à Marie-Annick et ses filles. Je voulais donner un petit peu de douceur, de légèreté et un petit baume. C’était important pour moi de le faire avec délicatesse pour ne pas être envahissante. Je suis touché qu’elle ait partagé. J’ai eu des échos très positifs dans les dernières semaines.

En dessous de la publication, plusieurs personnes ont commenté qu’il s’agissait d’une belle découverte artistique. Mme Blais était ravie que ses oeuvres aient été tellement bien accueillies.