Une proposition « sans précédent » des universités anglophones

ÉTUDES. Les recteurs des universités Bishop’s, McGill et Concordia, rencontraient le 6 novembre dernier le premier ministre du Québec, Francois Legault, afin de proposer une alternative au nouveau modèle de tarification annoncé pour les étudiants non-québécois.

Ce modèle prévoit qu’à partir de l’automne 2024, les droits de scolarité passeront de 8992 $ à près de 17 000 $ pour les étudiants canadiens non-résidents du Québec (CNRQ), et seront encore plus élevés pour les étudiants internationaux. Cette mesure, annoncée le 13 octobre dernier par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, vise la protection de la langue française au Québec.

Selon les trois universités, cette décision entraînerait des conséquences considérables pour les établissements d’enseignement supérieur anglophones. « Les étudiants de Bishop’s ne sont pas insensibles aux frais de scolarité. Si on double le montant exigé, on estime qu’on va perdre 90% des étudiants provenant de l’extérieur du Québec, qui à eux seuls, représentent 30% des étudiants de l’université », indique le principal et vice-chancelier de l’université, Sébastien Lebel-Grenier.

« Non seulement, ça fait partie de notre identité, mais cette mesure mettrait en péril la survie de Bishop’s », ajoute le principal.

Toujours selon M. Lebel-Grenier, ces conséquences pourraient également se faire sentir chez les Québécois désirant étudier à l’étranger. « On craint que ça incite les autres provinces à prendre des mesures de rétorsion contre le Québec et que ça ait des répercussions sur nos étudiants qui comptent fréquenter des institutions ailleurs au Canada. »

FRANCISER, LA SOLUTION

Lors de leur rencontre avec François Legault, les trois universités lui ont remis une « proposition d’amélioration » au modèle de tarification. Celle-ci consiste notamment à instaurer, dans un délai de trois ans, des cours et activités obligatoires de français langue seconde (FLS), d’accroître de manière substantielle l’offre de cours de FLS pour les étudiants canadiens non-résidents du Québec et la multiplication des occasions de stage en français.

Cette proposition indique également que les droits de scolarité devraient être maintenus au niveau actuel pour les CNRQ et que des solutions de rechange soient mises en place concernant le financement des universités en ce qui a trait aux étudiants internationaux.

« Nous sommes conscients que les universités ont un rôle à jour dans la préservation et la protection du français et nous voulons être des alliés du gouvernement dans cette démarche. C’est pourquoi nous proposons de nouvelles initiatives pour y arriver », explique M. Lebel-Grenier.

« C’est une proposition sans-précédent. Nous (les universités anglophones) croyons qu’elle est réalisable. On s’attend à ce que le gouvernement l’étudie sérieusement et poursuive la discussion », conclut-il.