Une situation toujours préoccupante 

ITINÉRANCE. La situation de l’itinérance continue de se détériorer à Sherbrooke, et le contexte actuel n’est pas favorable à l’amélioration, selon le directeur général du centre de jour Ma Cabane, Marc St-Louis.

M. St-Louis est catégorique : l’accès à un logement est l’un des principaux soucis. Tant que le problème ne sera pas prit en main, le nombre de personnes qui se retrouveront à la rue ou dans une situation précaire continuera d’augmenter.

« Socialement, nous régressons collectivement et faisons tout pour que le problème s’aggrave. L’avenir ne s’annonce pas favorable. Sur le plan du logement, nous avons échoué collectivement. Le refus continu des gouvernements de créer un registre des loyers permet à certains propriétaires, pas tous, de profiter de la situation en demandant des loyers excessifs, ce qui exclut des gens du marché », mentionne celui qui travaille dans le domaine de l’itinérance depuis une trentaine d’années.

Pour lui, la situation n’a jamais été aussi critique et grave.

« Ces pratiques existaient avant, mais pas à cette échelle. Cela signifie que même des personnes de la classe moyenne ont du mal actuellement, alors que dire de ceux à faible revenu, particulièrement désorganisés. Ils n’y arrivent tout simplement plus », ajoute M.St-Louis.

Depuis son ouverture, il y a maintenant trois ans, Ma Cabane estime que plus de 1 100 personnes ont bénéficié de ses services. Entre 80 et 110 personnes passent chaque jour.

 Il est difficile pour les personnes en situation d’itinérance de trouver un logement dans le contexte actuel.

« Le marché immobilier privé est le même pour tout le monde. Les propriétaires ne veulent pas de problèmes, donc vous pouvez imaginer à quel point les personnes sans abri sont désavantagées pour trouver un logement », exprime-t-il.

Le facteur humain est crucial

La priorité du gouvernement en matière de construction d’hébergements d’urgence est également critiquée par Marc St-Louis. Il estime que le soutien est tout aussi important que le logement lui-même.

« Ce n’est pas ainsi que nous allons résoudre le problème. Des mesures structurelles avec des solutions d’hébergement adaptées seront plus efficaces pour aider les gens. Il y a des personnes pour lesquelles il ne suffit pas de les loger et de penser que tout ira bien. Il faut des professionnels pour suivre et accompagner ces personnes. Souvent, le gouvernement construit des hébergements mais oublie les ressources humaines et l’aspect social », affirme-t-il en citant l’exemple d’un projet de huit logements sur la rue Laurier qui vise à aider les personnes à conserver un logement avec un soutien.

Il mentionne également que ces dernières années, l’approche des intervenants dans le milieu a évolué et qu’ils privilégient désormais le logement.

« Il y a quelques années, le discours était plutôt axé sur le fait que les personnes devaient régler leurs problèmes avant tout. Maintenant, nous mettons l’accent sur le logement en premier lieu. Cela ne fonctionne pas pour tout le monde, bien sûr. Cependant, le fait de se loger en premier et d’avoir un chez-soi devient un incitatif au changement. Parfois, les gens sont prêts à faire des sacrifices pour conserver leur logement », conclut Marc St-Louis.