À la limite du soleil : la collision des réalités
LECTURE. Bien que son deuxième roman soit le fruit de quatre années de travail, l’auteur sherbrookois Alain de Lafontaine plante ses personnages dans un contexte qui semble tout droit sorti du bulletin de nouvelles diffusé la veille.
Avec cette offrande, l’auteur fait une excursion dans un univers où l’amitié, la désillusion et le possible amour côtoient une violence armée, qui malgré les idéaux des protagonistes, sera dévastatrice.
La situation de la violence armée au sud de notre frontière fascine et effraie à la fois. L’auteur pose un regard placide sur les trop nombreuses fois où l’obsession des armes à feu continue de faire d’innocentes victimes.
Personnage central, Karla, une jeune afro-américaine du sud, est marquée par cette violence. Ses traumas se transformeront en ultimes motivations pour son combat : exposer l’hypocrisie et l’inaction des élus et la trop grande influence du lobby pro-armes.
de Lafontaine reconnait qu’à première vue, le sujet peut paraître loin de son propre vécu.
« Mais j’ai toujours eu un intérêt pour ce qui se passe aux États-Unis. Je me sentais concerné surtout quand je voyais toutes les tueries qui se passaient et qu’il n’y avait pas de réaction », dénonçant l’inaction de la classe politique face cet enjeu.
La rencontre entre Karla et Zachary, québécois né dans le privilège et la rigidité de ses parents, ouvrira le sentier des possibles. Il apprendra la souffrance et les luttes de la population noire de nos voisins états-uniens. Elle trouvera le calme, la tendresse et l’écoute là où elle ne l’attendait pas ; dans les bras d’un jeune homme blanc.
Une troisième trame narrative raconte le parcours de la famille Eaton. Colin et Justin sont les fils d’une farouche militante et défenderesse de la puissante NRA. Dans un pays où il y a plus d’armes à feu que d’habitants, cette adhésion inconditionnelle bousculera leurs destins et entraînera des conséquences funestes.
Une collision entre ces trois univers sera inévitable et particulièrement brutale. Tous les protagonistes seront ultimement victimes de cet aveuglement volontaire persistant.
L’auteur se dit très fier du travail accompli et d’avoir pu évoluer en tant qu’écrivain, sous l’œil bienveillant de son guide, le comédien et scénariste Robert Lalonde.
« C’est la première fois que je me mets en avant, avoue modestement celui qui a œuvré à faire rayonner les grands noms de la musique à Sherbrooke. « Que ce soit moi qui sois maintenant considéré comme artiste, c’est un peu audacieux de demander aux gens de me reconnaître comme tel. Ça touche à ma pudeur », ajoute ce dernier avec un sourire.
L’exercice de recherche, la construction des nombreux personnages et la convergence de leurs destins a été un exercice fort instructif pour Alain de Lafontaine. Et il n’a pas l’intention de s’arrêter là.
« Il y a bien de gens qui me demandent d’écrire un roman en rapport avec mon lien au milieu du spectacle. Je pense que ça serait très accessible et j’ai des anecdotes qui s’y prêteraient bien », conclut celui a fondé le Sherblues et Folk.
L’auteur d’À la limite du soleil sera au Salon du livre de l’Estrie le samedi 18 octobre pour une session de dédicaces.
Un texte de notre collaboratrice Anita Lessard
