Apprendre la navigation pour voguer l’esprit en paix

FORMATION. Les restrictions imposées à l’arrivée de la pandémie a fortement contribué au désir de passer du temps sur les plans d’eau de la province. Avec le nombre croissant d’utilisateurs, les situations problématiques se multiplient. L’Escadrille Yamaska-Orford offre des formations pour outiller les propriétaires d’embarcations nautiques afin d’assurer la sécurité de tous.

Même si une formation de base est exigée pour obtenir la carte de conducteur d’embarcation de plaisance, une certaine insouciance sur l’application des règles, une fois sur l’eau, semble persister chez les plaisanciers. C’est du moins le constat fait par les bénévoles de cette association à but non lucratif, opérée par des bénévoles depuis 1963.

« Notre mission première est de voir à bien équiper les gens au niveau de la prévention et de la sécurité sur l’eau en lien avec des embarcations. On est à la fois une école de formation et un club social. C’est pourquoi on offre des ateliers, des conférences et une multitude de cours entourant les connaissances de base, mais aussi plus poussées sur ces notions », explique Maryse Couture, Commandante et bénévole au sein de l’organisation basée à Sherbrooke.

L’IMPORTANCE D’AVOIR UNE FORMATION

À l’inverse d’un véhicule routier, la carte de conducteur ne fait pas l’objet de vérifications systématiques lors de l’achat ou du transfert de propriété d’une embarcation à moteur ou d’un voilier, ce qui signifie que peu importe l’expérience, un individu peut emprunter une voie navigable.

Or, le manque de connaissances et de mesures de sécurité élémentaires peuvent mener à des tragédies évitables.

« J’ai vu un bateau à moteur remorquant une trippe avec des enfants à bord, se faire couper la corde par un autre bateau qui venait à contre-sens. Il s’en est fallu de peu pour que ça cause un drame », raconte le formateur Daniel Pomerleau.

« Tous ces utilisateurs mettent à risque leur propre sécurité mais celles d’autres personnes aussi, parce qu’ils n’ont pas certaines notions, dont le dépassement ou la priorité de passage. L’arrivée aux quais, le manque de planification ou l’anticipation des changements de météo en sont d’autres exemples », indique Mme Couture. Elle ajoute que les gens ont tendance à sous-estimer le force de la nature et à mal évaluer comment l’eau, les marées et le vent peuvent affecter l’issue d’une sortie.

« C’est aussi important de faire la distinction entre les nombreux plans d’eau. Ce n’est pas la même chose de naviguer sur le Petit lac Brompton que sur le lac -Champlain ou le fleuve Saint-Laurent. L’adaptation des manœuvres et des actions est essentielle quand tu côtoies des cargos et de grands navires », renchérit M. Pomerleau. Il fait d’ailleurs observer que plusieurs plaisanciers n’ont aucune idée de comment lancer un appel à l’aide si une situation problématique ou d’urgence venait à arriver.

UNE COHABITATION PARFOIS DIFFICILE

Il n’y a pas que des bateaux qui circulent sur nos lacs et rivières ; la popularité grandissante des promenades en kayak et en planche à pagaie représentent un défi supplémentaire au partage des espaces navigables.

En plus des formations théoriques et techniques, l’aspect du civisme est également abordé par l’Escadrille Yamaska-Orford. L’incivilité de certains se fait toujours au détriment de tous au bout du compte, selon les deux intervenants. La vitesse excessive et la consommation d’alcool sont aussi devenus des enjeux pour les patrouilleurs qui sillonnent les eaux.

« Dans la tête des gens, la vie sur l’eau c’est un loisir ; donc tu es plus libre que sur le chemin. Certains vont jeter l’ancre dans une baie et prendre un souper arrosé, mettre la musique à fond et ne jamais se soucier des résidences à proximité. Ça crée des frictions et de la mésentente », insiste Daniel Pomerleau.

Les deux formateurs disent espérer que les autorités ajusteront à la hausse les interventions de surveillance et rendront les exigences plus sévères, afin d’éviter une augmentation marquée des accidents sur l’eau. La facilité déconcertante avec laquelle on peut obtenir une carte de conducteur en ligne les préoccupe au plus haut point.

« La façon dont c’est actuellement livré sans supervision, ça n’est pas sérieux. Les gens l’obtiennent parce qu’il le faut, pas pour approfondir, comprendre, connaître ou maîtriser les notions » , fait valoir Maryse Couture.

La paix d’esprit ne s’achète pas, mais débourser quelques centaines de dollars pour connaître les rouages de la navigation peut sauver des vies.

Toutes les informations se retrouvent sur le site de l’Escadrille Yamaska-Orford.