Apprivoiser le chaos pour mieux aimer

LITTÉRATURE. D’abord écrit sous forme d’une nouvelle, L’intimité du chaos, le deuxième roman de Mélanie Noël est porté par le souffle de personnages aux parcours diamétralement opposés.

Reconnue pour sa plume poétique et sensible, l’auteure sherbrookoise s’est engagée, il y a de cela plusieurs années, dans un processus créatif pour la production d’un livre rassemblant les nouvelles d’un collectif d’auteurs. Le projet ne s’étant jamais réalisé, l’ancienne journaliste a fait cavalier seul et soumis une série de nouvelles de son propre cru à sa maison d’édition. Ne publiant que des romans, l’éditrice de Mélanie Noël lui suggère de développer la nouvelle la plus propice à devenir un roman.

C’est donc avec ce conseil en tête que l’écrivaine a entrepris le long chemin vers qui la mènerait vers l’aboutissement de sa plus récente offrande. Bien qu’inspiré par des éléments qui lui sont extérieurs, le récit raconte une relation amoureuse entre deux êtres fort différents, mais qui se complètent parfaitement.

« Il y a des gens qui veulent lire des histoires d’amour fusionnelles, mais moi je voulais parler d’une histoire où les personnages sont deux êtres humains complets, qui ont leurs rêves propres et qui se laissent les vivre chacun de leur côté, explique l’auteure. Je voulais montrer que c’est la confiance envers l’autre qui fait que ça fonctionne ».

Le personnage central, Marie, est une intrépide aventurière poussée à chercher le chaos là où le sien lui semble des plus insipides. Guerres, catastrophes ou conditions de vie inhumaines, elle parcours le globe pour fuir un passé marqué par des événements qui ont laissé des cicatrices profondes. La jeune femme aspire à la liberté le plus totale, faisant parfois fi de sa sécurité et de son bien-être. Ne tenant pas en place, elle sera constamment à l’affût d’une situation qui la fera prendre le large, autant physiquement qu’avec ses émotions.

En contrepartie, Matthieu se plaît bien dans sa routine. Musicien à ses heures, l’homme est une force tranquille qui ne ressent pas le besoin absolu d’être en compagnie d’autres humains. Il est casanier et comme son boulot d’informaticien lui permet de travailler chez lui, son domicile est son lieu de prédilection. Malgré l’absence de son père en grandissant, l’homme qu’il est devenu ne cherche pas à la combler, mais à se construire avec les relations de ceux qui ont été présents pour lui.

La rencontre des deux protagonistes se fera spontanément, comme deux aimants attirés l’un vers l’autre sans pouvoir s’expliquer pourquoi. S’entamera alors une relation faite de longs hiatus et de correspondances épistolaires entre un homme s’imprégnant de chaque instant passé avec sa Marie, et d’une femme qui prendra toutes la douceur et l’accueil que son Matthieu voudra lui offrir.

Tout au long du récit, Mélanie Noël propose un aperçu de ces petits moments déterminants où les choix des personnages laisseront des traces indélébiles sur leur psyché. Inspirée par les tableaux de Magritte, elle y peint une toile sertie des couleurs éclatantes de Marie et celles apaisantes, de Matthieu. Chacune de leurs rencontres laisse place à la sérénité et au simple bonheur de se retrouver, sans questions, sans jugement.

« Le couple vit vraiment au présent quand il est réunit. Ils apprécient de ne pas avoir de compte à rendre ou de répondre de ce qu’ils ont fait chacun de leur côté. Ils ne cherchent pas à définir ce qu’ils vont devenir et je trouve ça vraiment beau. C’est peut-être un idéal, mais si on pouvait faire ça un peu plus, les relations amoureuses seraient probablement plus seines », suggère Mme Noël.

Plusieurs références à la musique imprègnent également le roman, comme une trame sonore accompagnant les personnages à travers leurs quêtes d’identité. On peut presque entendre les notes à la lecture de certains passages.

L’écrivaine est heureuse de voir l’aboutissement de ce long processus. « J’avais hâte de le partager aux gens et de voir ce que le livre fait résonner en eux. Le roman va voyager et cela ne m’appartient plus, il faut que je le laisse aller. Je suis fière qu’il soit né et je vais le laisser grandir comme il le veut », conclut celle-ci.

Les prochains mois seront fait de tournées de promotion et de salons du livre à travers la province et ainsi aller à la rencontre des lecteurs et de leurs impressions.