Itinérance : augmentation d’environ 105 % en Estrie
POLICE. Depuis 2021, l’Estrie représente la troisième région ayant connu la plus grande augmentation de personnes en situation d’itinérance. C’est pour cette raison que le Service de police de Sherbrooke (SPS) a déployé cinq patrouilleurs qui seront consacrés aux problèmes liés à l’itinérance à temps plein.
Selon les chiffres approximatifs rendus publics, Sherbrooke et ses alentours auraient enregistré une hausse de 105 % en trois ans, derrière la Montérégie (111 %) et l’Outaouais (384 %). Cette progression pourrait être en lien avec certains problèmes sociaux comme l’accès au logement, les augmentations du coût de la vie, les problèmes reliés à la santé mentale et d’autres facteurs.
« Nous savons qu’actuellement le contexte social est difficile pour bien des gens, explique le président de l’Association des directeurs de police du Québec et directeur du Service de police de Laval, Pierre Brochet. Les services policiers se sont retrouvés à assumer la responsabilité de la gestion de l’itinérance en raison du manque de capacités des autres instances à y répondre. »
À Sherbrooke, cette hausse est palpable, selon l’une des membres de l’équipe mobile d’interventions psychosociales (EMIP), Nathalie Lapierre. « La pandémie a fait beaucoup de mal. Maintenant, on essaie de ramasser les débris en rattachant ces gens au service policier », raconte-t-elle. L’intervenante, tout comme ses collègues, sont munis d’un brassard jaune fluo lorsqu’ils circulent dans le centre-ville.
À titre d’exemple, il y a quelques semaines, les interventions de l’EMIP ont permis de sauver une personne itinérante de la mort. « Lors d’une de nos visites de routine, on a constaté que l’individu s’intoxiquait au monoxyde de carbone dans son campement. Sans nous, il aurait pu mourir dans les prochaines heures », rajoute Mme Lapierre.
À la recherche de financement
Alors que les services de police ont mise sur pied des mesures pour aider les personnes itinérantes, une assistance financière de Québec serait la bienvenue, d’après le directeur du SPS, Pierre Marchand. « Avec le budget des villes, on ne peut pas pallier toute la situation. On fait de notre mieux dans les circonstances, mais avec l’aide gouvernementale, ça irait mieux », explique l’homme.
Hormis l’EMIP, M. Marchand évoque le bon fonctionnement de ses cinq ressources sur le terrain, aidées par la mise en place d’un poste de police satellite au centre-ville. « Elles sont essentielles. Sherbrooke n’échappe pas à cette triste réalité », s’exclame le directeur du SPS.
Un témoignage frappant
Pendant la conférence de presse, l’ADPQ a présenté le témoignage de Dominic, une personne itinérante de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a collaboré avec les services policiers de la Montérégie. « Je sais qu’ils ne me jugent pas. Si j’ai besoin d’aide, j’ai juste à leur demander. Ça fait du bien de voir des gens qui pensent à toi », mentionne-t-il à travers la vidéo.