Des créateurs de feu s’exposent au MBAS
CULTURE. Deux artistes visuels de renom se retrouvent sous le même toit au Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke (MBAS), avec des œuvres qui ont pour thématique l’exploitation du feu. L’un est touche-à-tout, inspiré par le symbolisme et la force des éléments. Le second se laisse porter par le moment et le résultat de ses expérimentations d’assemblage des matières. André Fournelle et Marc Garneau sont les têtes d’affiche de l’exposition Lignes de feu.
C’était un vernissage fort couru pour le Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Il faut dire que leur nouvelle exposition met en commun la vision d’artistes qui ont fait leur place dans le milieu avec des propositions singulières. Contactée par M. Fournelle, la commissaire par qui s’est matérialisé ce rendez-vous entre les deux hommes, Suzanne Pressé, explique avoir tout de suite remarqué une certaine parenté entre leurs créations.
« J’ai rencontré les artistes et on a visité leurs ateliers et il y a un constat qui s’est fait; chacun de leur côté, sans qu’ils ne se connaissent vraiment, travaillaient avec des œuvres produites par l’action du feu. Ça n’avait jamais été un scénario d’expo. » Elle indique que cela fait longtemps que ceux-ci consacrent leurs démarches autours de ce thème, puisque certaines des pièces présentées ont été conçues dès 1966.
Malgré des approches et des styles très distinctifs, les visiteurs pourront observer une réflexion commune sur l’utilisation du feu et de ses dérivés comme outil de création. D’instinct, Suzanne Pressé a compris que le lien entre les œuvres de chacun se révélerait une fois côte à côte. En quoi est-ce la commissaire voit une complémentarité entre les deux artistes? « Par les matériaux. Mais c’est surtout qu’ils travaillent différemment. André Fournelle c’est très design, très poli et à angles droits. Tandis que Marc Garneau lui travaille avec la scie à chaine et le lance-flamme. Il n’a pas le contrôle et je pense qu’il aime vivre dangereusement », remarque Mme Pressé.
LES DEUX FACE D’UNE MÊME FLAMME
Récipiendaire 2021 du prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction remise aux artistes par le gouvernement québécois, André Fournelle travaille des matières brutes, presque à la manière d’un scientifique qui désire aller au bout des transformations possibles. Son utilisation du métal, du charbon, du feu et des néons servent son propos à travers une imagerie et un symbolisme dont l’esthétique est irréprochable. Chaque pièce semble avoir été longuement réfléchie avant d’être exécutée, comme si l’artiste voulait s’assurer de bien exprimer son point de vue sur les travers de nos sociétés.
Le peintre et graveur Marc Garneau expérimente depuis plus de quarante ans avec différentes essences de bois, des toiles et des objets disparates, pour en faire des assemblages surprenants. Chargées de sens et visuellement proches de la Nature, les compositions, transformées par un chalumeaux, les intempéries extérieures ou la flamme d’une chandelle, sont d’une beauté naïve et brute à la fois.
L’exposition Lignes de feu est présentée au Musée des beaux-arts jusqu’au 20 avril.