Deux élues quittent Sherbrooke Citoyen

POLITIQUE MUNICIPALE. Onde de choc chez Sherbrooke Citoyen alors que les conseillère des districts d’Ascot et Quatre-Saisons, Geneviève La Roche et Joanie Bellerose ont annoncées leur départ immédiat du parti.

Les deux élues en ont fait l’annonce sur leur page Facebook vendredi après-midi (13 décembre).

À moins d’un an des élections, elles quittent donc le navire du parti au pouvoir.

Mme La Roche pensait pouvoir prendre le temps des Fêtes pour réfléchir à son avenir dans le parti, mais jeudi (12 décembre), les membres ont reçu un courriel leur donnant un ultimatum jusqu’à 11 h 30 le 13 décembre pour confirmer leur engagement. Dans ce courriel, il y avait  » certaines conditions « , que Mme La Roche n’était pas prête à accepter.

 » Il y avait certains engagements sur la façon dont ça allait fonctionner pour la suite, et c’est là que, pour moi, il y a eu des choses qui ont heurté mes valeurs, ou du moins, qui n’allaient pas en concordance avec ce que je voulais vivre pour la prochaine année « , a mentionné Mme La Roche en entrevue.

Elle précise ne pas être en accord avec certaines positions.

 » Bien que je respecte tout à fait le désir de clarifier les attentes au sein de l’équipe, je ne suis pas à l’aise avec les engagements demandés. Le droit à la dissidence, qui est inscrit dans nos statuts et qui me tient profondément à cœur, a toujours été pour moi une valeur importante. Je crois qu’il est essentiel de pouvoir exprimer des désaccords de manière respectueuse et constructive, et c’est un principe auquel je demeure attachée « , a-t-elle exprimé dans sa publication.

Mme La Roche se dit comprendre la voie que le parti souhaitait emprunter, mais elle ne souhaitait pas en faire partie.

 » Il y a différentes façons de voir les partis politiques. Personnellement, je trouve que c’est une force de montrer que l’on est différent au sein d’une même équipe, tout en cherchant à accomplir de grands objectifs. Dans ce cas, je sentais que cela limitait beaucoup les discussions lorsque l’on n’était pas d’accord sur un dossier ou sur la manière d’aborder un dossier. « 

Des questions de valeur et de liberté de parole 

Pour sa part, Joanie Bellerose mentionne également qu’elle doit écouter ses valeurs.  » Je me trouve devant un ultimatum et soumise à des exigences qui ne me laissent pas d’autre choix que celui-ci. Je dois demeurer en cohérence avec la personne que je suis et rester fidèle à mes valeurs profondes « , indique-t-elle.  » Je souhaite continuer à travailler en équipe au sein de chaque instance à laquelle je participe, mais avec la liberté de pouvoir m’exprimer et de nommer ce qui ne correspond pas, justement, à mes valeurs « , ajoute Mme Bellerose.

Cela survient quelques jours après qu’elle ait critiqué le comité exécutif en déposant un avis de proposition afin que les élus puissent discuter du dossier de la politique de l’arbre et du verdissement, qui provient de la commission de l’environnement depuis le 12 septembre dernier. Elle avait notamment souhaité que les dossiers des commissions passent directement au conseil municipal, et non par le comité exécutif. Les deux élues assurent qu’elles poursuivront leur mandat pour défendre les intérêts des citoyens de leur district.

Sherbrooke Citoyen regarde vers l’avenir

Rejoint vendredi après-midi (13 décembre), le chef de Sherbrooke Citoyen, Raïs Kibonge, n’est pas amer envers la décision de ses collègues.

 » Je comprends que la politique municipale n’est pas facile et que chacun aborde les choses différemment. Il y en a qui souhaitent avoir plus de liberté, tandis que d’autres préfèrent se baser davantage sur l’équipe. Nous n’étions plus sur la même longueur d’onde et nous comprenons qu’elles souhaitent prendre leur envol de leur côté « , indique-t-il.

Questionné à propos de la critique des deux élues sur la question de la dissidence, c’est-à-dire le droit de voter contre l’idée du parti, M. Kibonge a répondu que la dissidence reste possible au sein du parti.

 » C’était plus un enjeu de coordination. Ce que j’avais proposé était un document de travail qui mentionnait que l’on souhaitait encadrer ce droit afin de se coordonner pour éviter des surprises. En cas de désaccord sur un enjeu, je voulais pouvoir me retourner pour chercher un autre vote. « 

Selon lui, l’image de Sherbrooke Citoyen ne sera pas affectée par cet épisode.

 » Cela montre l’engagement envers notre programme et notre plateforme. On nous dit souvent que nous mettons des éléments dans notre programme juste pour obtenir des votes. Donc, c’est un témoignage de notre part pour montrer que lorsque nous disons quelque chose, nous le faisons « , termine-t-il.

Le parti, aux noms des membres, a envoyé un communiqué aux médias afin de partager le respect de la décision de Mme Bellerose et Mme La Roche.

« Nous prenons acte de leur décision et leur donnons tout notre soutien pour la suite des choses. Nous partageons toujours fondamentalement les mêmes ambitions pour une ville plus verte, plus accessible et à l’écoute des citoyens »