Deux expositions réfléchies et historiques

ARTS. Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS) s’est renouvelé par l’entremise de deux nouvelles expositions disponibles depuis le jeudi 16 mai. Ces dernières, soit Récits de la création du monde, Territoire/Médicines et Louis-Pierre Bougie. Nature humaine, débarquent à temps pour la saison touristique.

Tout juste après avoir fait son entrée dans le musée, cinq grandes statues de forme humaine accompagnées de diverses œuvres attendent de pied ferme les visiteurs. Celles-ci, provenant de la 7e édition de la Biennale d’art contemporain autochtone (BACA), ont tous un point en commun : mettre de l’avant la reconnaissance des Autochtones au Canada. À Sherbrooke, l’exposition est davantage penchée sur le sous-thème Territoire/Médecines.

« On voulait encore une fois diffuser cette exposition, car on a à cœur les enjeux autochtones, explique la conservatrice du MBAS, Frédérique Renaud. Très souvent, on parle du passé des communautés autochtones, mais on ne discute jamais de l’avenir qui leur est réservé. »

À titre d’exemple, parmi les cinq représentations, l’une d’entre elles évoque la frustration des Autochtones découlant des feux de forêt dans l’Ouest canadien. En raison de ceux-ci, le gouvernement fédéral empêche les peuples d’organiser des feux ancestraux. La figure reflétant cette histoire d’actualité est incarnée par l’habit d’un pompier, sans corps humain, décoré par des aiguilles de pin. C’est de cette manière que les quatre commissaires autochtones derrière l’exposition, soit Lori Beavis, Emma Hassencahl-Perley, Jake Kimble et Teresa Vander Meer-Chassé, tentent de faire passer un message politisé.

Puisque l’exposition hébergera à différents endroits, ces derniers se distingueront par les multiples sous-thèmes. À Sherbrooke, le travail des artistes Eruoma Awashish, Taylor Baptiste, Haley Bassett, Lisa Aubin-Bérubé, Glenna Cardinal, Jay Havens, Cheyenne Rain -LeGrande, Jesse Tungilik est davantage mis de l’avant.

Une première depuis 2021

Après avoir digéré la beauté des statues, l’étage du musée abrite la première grande exposition sur la carrière du maître graveur et peintre québécois Louis-Pierre Bougie décédé en 2021. Dans un univers « bleu bougie », une quarantaine d’œuvres de l’artiste sont présentées, à commencer par sa dernière réalisation Le chant du cygne, qui n’a pas eu le temps de terminer avant son décès.

« La salle est trop petite pour accueillir toutes les œuvres de M. Bougie, rigole Mme Renaud. Il faut savoir qu’il a été une personne très importante à cause de son legs intéressant dans le domaine de la gravure. »

L’exposition en question a permis au MBAS d’établir une collaboration avec des membres des Ateliers Dufferin, un espace de création sherbrookois dédié à l’impression. Ainsi, Deborah Davis, Yvan Lessard, Yong Sook Kim-Lambert, Lynda Gadoury et Faustine Escoffier s’inspirent de Louis-Pierre Bougie afin d’agrémenter l’exposition.

« Ce qui est agréable avec les travaux de M. Bougie, c’est qu’ils laissent entrevoir plusieurs interprétations. Bref, il a fait un boulot incroyable », lance la conservatrice en faisant allusion à l’auteur derrière la pochette de l’album Si on avait besoin d’une cinquième saison du groupe Harmonium.

Ces expositions prendront fin toutes les deux le 1er septembre prochain.