Deux résidences seront détruites sur la rue Collège

DÉMOLITION. Le dilemme du patrimoine et des zones inondables est une réalité à laquelle les villes seront de plus en plus confrontées dans les prochaines années. À Sherbrooke, le comité central d’urbanisme (CCU) a recommandé la démolition de deux résidences au 2848 et 2850 rue Collège, qui se trouvent justement en zone inondable.

Cette recommandation sera soumise au comité de démolition, qui se penchera sur le cas en janvier prochain.

 » Il y a déjà beaucoup de pression sur le patrimoine, il faut s’assurer de le protéger parce que c’est important, mais il est certain que les zones inondables, qui se multiplient, représentent une nouvelle donnée à prendre en compte. Bien que ce soit un crève-cœur, car ce sont des immeubles riches en histoire, nous n’avons pas d’autre choix « , mentionne la présidente du CCU et conseillère du district d’Ascot, Geneviève La Roche.

Appartenant au même propriétaire, ces deux maisons abandonnées sont en piteux état et nécessitent des investissements importants pour être conservées.

Le domicile situé au 2848, rue du Collège est l’un des immeubles les plus anciens du quartier de Lennoxville, qui constitue aujourd’hui l’entrée de l’Université Bishop’s. La valeur patrimoniale de ce bâtiment a été identifiée comme étant de niveau B.

 » L’état d’authenticité de l’immeuble est évalué comme bon (B) tant par l’inventaire patrimonial que par l’étude patrimoniale fournie, ce qui en fait un exemple de l’influence stylistique des maisons cubiques à toit en pavillon, caractéristiques des années 1900-1930 « , peut-on lire dans les documents fournis aux médias.

D’ailleurs, le Musée d’histoire de Sherbrooke ne s’est pas opposé à la démolition.

Selon des estimations de 2019, les coûts des travaux de base pour le 2848, rue Collège sont estimés à plus de 273 000 $, et pourraient s’élever à plus de 579 000 $ pour l’imperméabilisation.

De plus, les deux habitations ont été victimes de sinistres en 2010, 2014 et 2019 à la suite des épisodes d’inondations. Il est estimé que le propriétaire a dépensé entre 95 000 $ et 98 000 $ par maison pour le nettoyage.

 » Ce sont des montants importants, qui datent de 2019, donc on peut imaginer que les chiffres ont doublé, surtout pour des résidences qui seront toujours à risque d’inondations « , explique-t-elle, ajoutant que bien que de telles situations soient rares, elles soulèvent tout de même des questions.

La conseillère et membre du CCU, Danielle Berthold, se disait également déchirée, mais favorable à la démolition des deux résidences.

 » C’est toujours regrettable pour le patrimoine, mais je pense qu’il serait illusoire de demander au propriétaire d’investir dans la rénovation en sachant que la situation ne s’améliorera pas. « 

Un projet pour la collectivité

En raison de la zone inondable, le terrain ne peut pas accueillir de nouveau bâtiment. Il a donc été proposé de transformer le terrain en espace vert protégé.

 » En tant que tel, ce ne sera pas un parc, mais un espace qui sera remis à la nature, ce qui pourra aussi aider à gérer les inondations en donnant de la place pour la végétation. De plus, tout projet que l’on voudrait réaliser sur ce terrain serait soumis à des contraintes liées à la zone inondable « , précise Mme La Roche.

Il a également été recommandé que les équipes trouvent une manière de conserver la mémoire des deux maisons, par exemple en installant un panneau explicatif sur le terrain, afin de rappeler ce qui s’y trouvait auparavant.