Faire du développement industriel autrement

INDUSTRIE. Sherbrooke avance vers le dépôt de sa nouvelle politique de développement industriel et technologique, qui vise à orienter les futures décisions dans ce secteur, qui joue un rôle « important » pour le développement de la Ville.

«  ­Il y a plein d’enjeux, comme la pénurie de ­main-d’œuvre, les responsabilités environnementales, le contexte économique. Je pense que c’est un outil auquel on ne peut plus se passer. Je crois qu’on va faire des jaloux à travers la province et l’Occident, car ce sont des réflexions qui doivent aboutir  », mentionne le directeur du ­Service du développement économique, ­Philippe ­Cadieux, lors de la séance de la commission du développement économique du 21 novembre.

Cette politique vise à stimuler la croissance responsable des entreprises, à favoriser l’attraction et la rétention des talents, ainsi qu’à encourager les investissements.

Selon le partenaire principal de la firme ­LGP, qui a soutenu ­Sherbrooke dans la conception de la politique, il n’est plus possible de faire du développement industriel «  comme avant  ».

«  ­Il faut embarquer dans un changement structurant pour voir le développement différemment. On appelle ça l’économie régénérative, une vision qui donne une responsabilité environnementale sur l’organisation du territoire, tout en continuant d’accepter la prospérité comme quelque chose de positif pour permettre aux entreprises de grandir. L’environnement doit devenir l’une des conditions pour conjuguer la prospérité  », ­mentionne-t-il, ajoutant que la ville doit devenir un agent de changement pour mobiliser et former les entreprises.

Dans cette mobilisation, il y a des efforts concrets de la ville, selon M. Grenier.

«  L’économie régénérative, c’est voir autrement, il faut penser différemment. Il ne s’agit plus de faire un programme en disant « venez nous voir ». Il faut plutôt se dire que l’on veut densifier un secteur et s’asseoir avec les promoteurs pour trouver une façon de rendre l’argent disponible pour réaliser nos projets. Il faut prouver aux promoteurs que travailler avec la ­Ville est rentable pour eux. Il faut provoquer des situations  », ­explique-t-il.

Pour sa part, la présidente de la commission et conseillère du district de ­Saint-Élie, ­Christelle ­Lefebvre, se demandait ce que la ville pourrait faire si les entreprises n’adhéraient pas.

«  ­Il y a toujours quelqu’un qui va adhérer, rassure M. Grenier. Parfois, on regarde strictement ceux qui ont une connexion politique avec la ­Ville. Moi, je ne crois pas à cela. Si tous les promoteurs immobiliers qui gravitent autour de ­Sherbrooke ne sont pas d’accord avec ça, je vais aller chercher ceux qui voudraient participer, mais qui ne sont jamais venus ici. Si la structure est bien définie et que c’est rentable, il y a quelqu’un qui va lever la main.  »

Sherbrooke n’est pas différente des autres municipalités, selon ­Philippe ­Cadieux, concernant l’espace dans les zones industrielles, et il assure que le défi est grand.

«  ­Actuellement, quand je parle avec d’autres villes comme ­Québec et ­Lévis, le constat est le même : on a plus de superficie industrielle, donc on va grappiller les parcelles restantes. Mais le jour où ce modèle ne sera plus viable, si on ne s’est pas tourné vers de nouveaux outils, on risque de trouver cela long  », ­informe-t-il.

La firme ­LGP propose, entre autres, de revoir la régénération du milieu en considérant la conception physique des lieux, la construction des bâtiments, la protection de l’environnement, ainsi que l’animation du milieu.

«  ­Dans la régénération du milieu, il y a une partie qui vise à réparer le passé tout en regardant vers l’avenir, par exemple en densifiant des espaces déjà construits ou en investissant dans le verdissement de la voie publique, en recréant des systèmes  », mentionne la ­vice-présidente de ­LGP, ­Caroline ­Gagnon.

«  ­Si l’on veut que les entreprises adhèrent aux changements, il faudra que la ­Ville les propulse avec un soutien, des leviers à l’investissement et une meilleure communication. Les promoteurs immobiliers ne sont pas loin de vouloir participer à l’économie régénérative, mais ils veulent une petite claque dans le dos  », mentionne la spécialiste en développement économique, industriel et touristique chez ­LGP, ­Julie ­Salvail.

L’élaboration du plan d’action est d’ailleurs prévue pour décembre 2024.