Gilles Martineau, transformer l’épreuve en force 

L’adversité est un mot que Gilles Martineau connait bien. Après avoir passé plusieurs décennies à affronter des parois rocheuses par passion pour l’escalade et les mers en voilier, Gilles Martineau vit depuis 15 ans avec la sclérose en plaques, lui faisant perde eu à peu l’usage de ses membres.

À 50 ans, le diagnostic tombe. Il constate qu’il n’est plus capable de réaliser certaines actions du quotidien.

Sportif et amoureux de la nature, M. Martineau a beaucoup voyagé grâce à l’escalade, mais surtout à la voile. Il a parcouru de longues distances, notamment de Saint-Martin au lac Champlain, de la Floride au lac Ontario ou encore de Vancouver à San Francisco, avant que sa condition ne l’en empêche.

 » J’ai toujours été actif. Même après le diagnostic, j’ai continué à naviguer, mais à un moment donné, ce n’était plus possible. Alors, je me suis mis à voyager en fauteuil roulant, parcourant la Thaïlande et le Vietnam pendant six mois. C’était superbe « , raconte-t-il.

Pour lui, sa passion pour la voile et l’escalade était intimement liée à son amour des voyages, mais surtout, à celui de la nature.

 » La nature faisait partie intégrante de ma vie. Ça explique peut-être en partie ma passion pour ces deux sports. Par exemple, en escalade, c’est toi face à la roche, à la montagne, il n’y a plus rien d’autre qui compte. Avec la voile, c’est pareil : toi, les intempéries et ton bateau « , explique-t-il, ajoutant qu’il regrette de ne plus pouvoir ressentir ces moments uniques.

Aujourd’hui, à 64 ans, Gilles Martineau ne peut plus contrôler son fauteuil avec ses mains. Mais rien ne l’arrête. Il utilise désormais un fauteuil commandé par ses yeux et peut même contrôler son ordinateur grâce à un émetteur fixé à ses lunettes.

 » Ça a été un choc, mais je savais qu’il se passait quelque chose. Je m’étais préparé au pire mentalement. Le fait d’avoir tellement profité avant a atténué le choc « , dit-il.

Selon lui, il est la preuve qu’il ne faut  » rien remettre à demain « .

 » C’est important d’en profiter. Quand tu veux faire quelque chose, fais-le tout de suite, car tu ne sais pas ce qui t’attend demain. Personnellement, j’avais réalisé l’essentiel de mes rêves, même si j’en avais d’autres. « 

Offrir son temps aux autres

Cherchant à améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap, Gilles Martineau a décidé de créer le Fonds Handi-Liberté, en collaboration avec Philanthropie Estrie.

 » Je veux que chacun puisse atteindre son plein potentiel. La précarité financière des personnes en situation de handicap est très importante. J’ai donc décidé de faire un legs testamentaire avec mes biens. Mais finalement, je voulais agir de mon vivant « , explique-t-il.

L’aspect financier est, selon lui, un poids énorme pour de nombreuses personnes en situation de handicap. C’est ce qui l’a poussé à créer ce fonds.

 » Il est difficile, au début, de trouver sa place. Souvent, tu dépends de l’aide sociale, ce qui ne t’aide pas à t’en sortir. Tu n’as pas les moyens financiers et tu deviens dépendant de beaucoup de choses et de nombreuses personnes « , ajoute-t-il.

Malgré ses limitations, Gilles Martineau ne chôme pas. Ces dernières années, il a travaillé d’arrache-pied pour récolter des fonds pour Handi-Liberté. Passionné par l’art, il a décidé d’acheter des œuvres et de les revendre. Chez lui, ses 150 tableaux attirent immédiatement l’attention.

 » J’ai toujours aimé les belles choses. J’ai commencé à acheter des toiles pour moi-même. Puis, il y a quatre ans, j’ai commencé à en acquérir pour amasser des fonds. J’en vends une, j’en achète deux « , plaisante-t-il.