Il y a 20 ans, une Sherbrookoise frôlait la mort sur le boulevard de Portland

TÉMOIGNAGE.  La journée du 29 octobre hante toujours Léa Coussa-Jandl, qui a été gravement blessée après s’être fait happer par une voiture il y a maintenant 20 ans sur le boulevard de Portland. Encore aujourd’hui, elle souhaite que cet accident serve d’exemple pour responsabiliser les automobilistes et les piétons pour une meilleure cohabitation sur la route.

Âgée de 17 ans à l’époque, elle se souvient très bien de cette journée, même si une amnésie à la suite du choc lui a fait oublier les minutes qui ont précédé de l’accident. L’histoire lui a été racontée.

Le 29 octobre 2003 était une journée maussade et nuageuse, elle est sortie de l’autobus en revenant du cégep et elle s’est engagée sur le boulevard de Portland sans actionner le bouton pour piéton. Une voiture amorçait un virage sur la rue Meilleur de l’autre côté du terre-plein. C’est à ce moment, cachée par la voiture, qu’un automobiliste distrait l’a fauchée à 70 km/h dans la voie de gauche, en brûlant un feu rouge.

 »L’Impact a été aussi fort qu’une chute de sept étages. Ma grande chance a été de tomber sur le terre-plein de gazon. Chaque année, j’ai une petite boule dans la gorge. C’est une journée chargée en émotions, j’en ai les larmes aux yeux. Mes cicatrices, je les vois tous les jours. Cet évènement m’habite, il fait partie de moi », mentionne la mère de deux enfants.

Elle s’est cassée le coude gauche et les deux tibias en plus d’être victime d’une commotion cérébrale. Elle a passé plusieurs semaines à l’hôpital avec plusieurs complications différentes.

 »Aujourd’hui, je marche, je cours, j’ai fait un triathlon, j’ai des enfants, je n’ai aucune limitation. C’est rare qu’une personne ait aussi grave et s’en sorte aussi bien. J’aurais pu avoir des séquelles psychologiques ou une fracture de la colonne vertébrale », lance-t-elle bien consciente de sa chance. 

Mme Coussa-Jandl l’avoue elle-même : son accident est une conjoncture de son comportement et celui de l’automobiliste. Il est donc important, selon elle, que les deux se conscientisent.

 » Ça va toujours relever des piétons de regarder des deux côtés de la rue avant de traverser. On dit souvent que les conducteurs ont la responsabilité parce qu’ils ont véhicule, mais un piéton qui traverse quand ce n’est pas le moment, c’est aussi sa responsabilité. Je trouve qu’il faut nuancer. C’est également aux automobilistes de suivre le Code de la route, dont les limites de vitesse. 70 km/h sur de Portland, c’est vite. Un feu qui est rouge, c’est un feu qui est rouge. C’est la base. »

L’importance de l’éducation 

Est-elle déçue de constater que le comportement des automobilistes n’a pas changé 20 ans plus tard ?

«Je ne suis pas surprise. On vit à un rythme effréné. J’ai l’impression que la pression sociale est plus grande qu’il y a 20 ans en plus. De voir des gens qui dépassent la limite de vitesse parce qu’ils sont en retard, c’est courant. Je pense qu’il y a des éléments de la vie en parallèle qui font en sorte qu’on est tous pressés. »

Elle croit qu’il ne sera pas possible d’arriver à une conscientisation collective si l’éducation n’est pas mise de l’avant davantage.

 »Je pense que c’est un apprentissage au-delà du cours de conduite. La prévention piétonne, on dirait que les enfants en entendent parler seulement à la rentrée scolaire pendant deux mois. L’éducation constante, il n’y en a jamais trop. On pense que c’est acquis et que tous les parents le font, c’est complètement illusoire. Ce n’est pas vrai que tous les parents font autant de prévention avec leur enfant.»

Réaménagement du boulevard de Portland, une solution ? 

Mme Coussa-Jandl se questionne à savoir si le réaménagement de ce boulevard ne serait pas la solution pour faire ralentir les automobilistes. Rappelons qu’un bambin de 5 mois et une septuagénaire ont été frappés dans les deux dernières années à l’intercection de la rue Wilson et du boulevard de Portland.

 »Réaménager Portland serait peut-être une bonne idée. Si on voit que ça devient une autoroute, c’est peut-être de réduire l’espace et mettre des incitatifs pour forcer les gens à ralentir. Je pense que c’est le genre de changements qui peut amener une meilleure sécurité. Ça revient à tout le monde d’être responsable.  »