La billetterie solidaire du Double Signe
THÉÂTRE. L’accès à la culture n’est pas toujours simple pour les familles et les moins nantis. Avec la hausse des prix dans plusieurs postes budgétaires des ménages, les loisirs et les sorties culturelles sont souvent les premiers sacrifiés. Le Théâtre du Double Signe propose une initiative qui permettra à ceux qui n’en ont pas toujours les moyens, une sortie sous le signe de la solidarité.
L’institution sherbrookoise s’est donné pour mission de rendre accessible ses productions au plus grand nombre de spectateurs que possible, dans l’optique de partager les bienfaits de cet art important. C’est pourquoi le Double Signe a mis en place une Banque de billets en attente.
Son directeur artistique et général, Hubert Lemire explique qu’il y eu toute une réflexion derrière cette démarche. » On rejette l’idée que le théâtre est art élitiste qui ne s’adresse qu’à des gens qui ont beaucoup d’argent. Donc on a mis en place deux mesures à cet effet. » La tarification dite » sympathique » permet au spectateur de payer ses billets à la hauteur de 20$ minimum, ou d’en donner un peu plus pour qui en a les moyens.
La Banque de billets en attente est un concept inspiré par un mouvement vu dans certains restaurants où il est possible d’acheter à l’avance et pour autrui un café ou un repas dit « en attente ». » Des donateurs, des gens d’affaires et des amoureux des arts qui ont des moyens, ont été sollicités pour qu’ils achètent des billets destinés à être redistribués dans la communauté. Puisque notre théâtre est dans sa facture, accessible, on veut que financièrement ce soit aussi le cas « , souligne M. Lemire.
La pandémie a eu son effet sur la fréquentation du public dans les institutions théâtrales, qui a développé d’autres habitudes. L’augmentation des coûts dans tous les secteurs de l’économie a aussi eu son effet sur les la compagnie théâtrale.
Si la situation des organisations faisant la production des arts de la scène demeure précaire, il n’en demeure pas moins que chaque citoyen devrait avoir la possibilité d’assister à une représentation ou un spectacle insiste celui-ci. » On est tributaire du conseil des arts, donc des payeurs de taxes. Si on les laissait aller au libre marché, aucun de ces billets ne se vendrait, ou ce serait seulement les mieux nantis qui en profiteraient, en assumant qu’ils préfèrent le théâtre à la Formule 1 « , ironise le DG du Double Signe.
Pour faire du projet une réalité, de nombreux donateurs ont été sollicités et la réponse a été immédiatement favorable, avec la collaboration essentielle des corporations de développement communautaire de Sherbrooke, du Haut-Saint-François, du Val-Saint-François et Memphrémagog.
Ce sont ainsi 400 billets qui sont en banque pour les représentations de la pièce » Fanny « , mettant en vedette Marie-Thérèse Fortin, présentée au Théâtre Léonard-St-Laurent, du 9 au 26 octobre.
Les gens intéressés à se procurer des billets peuvent le faire auprès de certains organismes communautaires ou en communiquant directement avec le Double Signe par courriel.
» Je peux déjà affirmer que l’initiative est un succès, vu l’empressement avec lequel les donateurs ont contribué. Bien sûr on faire un bilan de cet exercice, mais c’est certain qu’on veut pérenniser cette formule « , remarque Hubert Lemire.
L’espoir est que ce geste va se transformer en mouvement être adopté par d’autres institutions artistiques. » Tout le monde est gagnant dans l’équation; nous les premiers, les spectateurs qui en ont besoin, et les donateurs à qui ça fait plaisir d’y contribuer. Je serais tellement fier si d’autres compagnies nous imitaient « , conclut l’homme de théâtre.