La Fondation Rivières croit que Sherbrooke pourrait faire mieux

ENVIRONNEMENT. Avec ses 2376 déversements d’eaux usées rejetées sans traitement dans ses cours d’eau en 2022, la Ville de Sherbrooke pourrait facilement améliorer sa performance sans dépenser une fortune, aux dires de l’organisme Fondation Rivières.

Le plus récent bilan de cet organisme place Sherbrooke en milieu de peloton des dix grandes municipalités québécoises. Sherbrooke retient l’attention sur le nombre de débordements, qui a presque doublé en un an, tout en étant en progression depuis 2017.

Sherbrooke obtient une note B pour la présence de mesureurs électroniques, mais la Fondation Rivières lui confère une évaluation moins sévère quant à l’intensité des déversements. C’est cet indicateur qui positionne la Ville au 4e rang.

L’indice d’intensité des débordements par habitant a été développé par la Fondation Rivières. Il s’agit d’un indicateur qui tient compte de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde. Le palmarès s’appuie sur les données du ministère de l’Environnement disponibles depuis 2017. 

Selon le directeur général de Fondation Rivières, André Bélanger, Sherbrooke pourrait améliorer sa performance en mesurant davantage ses ouvrages. Selon lui, encore trop de municipalités n’ont pas mis à niveau tous leurs ouvrages avec un enregistreur électronique de débordement (EED), tel que prescrit par le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées. 

Sherbrooke figure dans ce groupe, car le tiers de ses 147 ouvrages n’ont pas de EED. «Ces mesures plus précises réduiraient la durée des déversements, ce qui permettrait d’améliorer sa performance qui stagne depuis cinq ans, poursuit M. Bélanger. C’est presque gênant pour une ville de cette taille. L’Environnement devrait sanctionner davantage à ce sujet.»

SHERBROOKE POURSUIT SON RATTRAPAGE

Pour sa part, Jean-Pierre Fortier, chef de division, eaux et construction à la Ville de Sherbrooke, comprend et pondère les suggestions de la Fondation Rivières. Il rappelle que la Ville avait beaucoup investi dans une technologie différente vers 2015 pour suivre plus attentivement le mouvement de ses ouvrages. « Ce n’était cependant pas à la fine pointe de la technologie, ajoute-t-il. On a dû faire du changement avec des équipements plus efficaces, mais il nous reste du rattrapage à faire. »

M. Fortier ajoute que la Ville a injecté 600 000 $ en 2022 et 2023 pour passer à presque 100% de mesureurs électroniques qui enregistrent en continu. Malgré ces améliorations technologiques, M. Fortier prévient que toutes les municipalités de la province verront leurs débordements augmenter dans le prochain bilan en raison des fortes précipitations de l’été dernier.

Le chef de division sherbrookois ajoute que la Ville poursuit un coûteux travail de longue haleine pour améliorer la gestion des eaux usées et de ruissellement. Le travail a commencé, mais il reste encore 181 kilomètres de conduites d’égout combinées (eaux usées et de ruissellement) dans les entrailles de la municipalité. « Ce qui est de bon augure est que nous avons aussi 640 km supplémentaires de conduites sanitaires pour nos eaux domestiques seulement, détaille-t-il. La tendance se renversera un jour, car tous les développements récents et nouveaux ont et auront des conduites séparées pour éviter les déversements dans la nature. »

IMPACTS DES DÉVERSEMENTS

Selon Fondation Rivières, les déversements d’eaux usées présentent une menace pour les espèces aquatiques et pour la biodiversité en général. Ils affectent les prises d’eau potable et font grimper la facture du traitement si les prises se trouvent à proximité des rejets. En raison des risques d’exposition à la bactérie E. coli présente dans les eaux usées, les déversements peuvent également limiter la baignade et les activités nautiques.

Ces débordements surviennent surtout lors de fortes précipitations de pluie. La grande quantité d’eau reçue fait en sorte que les réseaux sont incapables de la diriger à 100% vers les usines d’épuration. Un mélange d’eaux usées et de pluie se retrouve donc dans la nature plutôt que d’être traité.

LES ENTRAILLES DE SHERBROOKE EN CHIFFRES

820 km de conduites d’égout

560 km de conduites pluviaux (ruissellement)

86 postes de pompage (égouts principaux)

300 postes de pompage basse pression

20 000 bouches d’égout