La Fondation Rivières salue le moratoire de Sherbrooke
ENVIRONNEMENT. La Fondation Rivières se réjouit que de plus en plus de municipalités à travers le Québec, comme Sherbrooke, prennent des actions concrètes pour améliorer leur réseau d’assainissement des eaux, qui, actuellement, crée beaucoup de débordements dans les rivières de la province.
Rappelons que la Ville de Sherbrooke a dû prendre les grands moyens lors du conseil municipal du 4 février dernier en mettant le développement du tiers de son périmètre urbain sur pause afin de réaliser des travaux majeurs liés à la capacité des ouvrages d’assainissement, et ce, pendant deux ans.
Au cours de la séance, la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, s’est désolée d’avoir à prendre cette décision en raison des impacts importants sur le développement immobilier, mais elle a souligné qu’il était obligatoire d’aller de l’avant.
« Nous n’avons pas le choix de nous conformer, car sinon, nous continuerions à délivrer des permis en sachant que le réseau n’a pas la capacité nécessaire. Ce serait très problématique d’un point de vue juridique de ne pas aller de l’avant », avait-elle dit.
Actuellement, à Sherbrooke, 1 200 débordements sont répertoriés chaque année selon les données de la Ville.
« C’est quand même beaucoup pour une année, mais cela s’explique par le fait que le réseau de Sherbrooke est encore largement unitaire, ce qui signifie que les eaux pluviales et usées se retrouvent dans le même tuyau », mentionne Gabriel Cliche, conseiller en valorisation de données et qualité de l’eau à la Fondation Rivières.
Bien qu’il soit très important de limiter les débordements, M. Cliche précise que les changements ne se réalisent pas en claquant des doigts.
« La conscience populaire a pris du temps à se mettre en place sur l’importance de la séparation des eaux. On ne se souciait pas vraiment de ça. La grande majorité du réseau dans toutes les villes était déjà construit, donc nous avons un lourd retard. »
DES INFRASTRUCTURES À ADAPTER
M. Cliche s’exprime en faveur de tels moratoires dans différentes villes.
« L’idée est d’arrêter d’ajouter de l’eau dans le réseau, car cela provoquerait encore plus de débordements. Si on développe à outrance, on rajoute de la pression sur les réseaux », dit-il, tout en soulignant que la Ville de Sherbrooke est proactive en adoptant une telle mesure.
En attendant que les réseaux soient mis à jour, les villes disposent tout de même de solutions pour atténuer la situation, comme augmenter les zones de verdissement et limiter les surfaces imperméables.
« La meilleure solution reste bien sûr de séparer les réseaux, mais c’est coûteux et contraignant en raison des travaux. Cependant, pour réduire les impacts, on peut aussi créer des zones et des espaces qui retiennent mieux l’eau lorsqu’il pleut. Il existe de nombreuses infrastructures permettant de mieux gérer l’eau pluviale », indique-t-il.
En ce qui concerne la qualité de l’eau, M. Cliche assure que les rivières sont à risque en raison des débordements.
« Les effets peuvent être nombreux sur la faune et la flore. Elles sont exposées à plusieurs contaminants qui peuvent nuire à leur alimentation, leur reproduction et leur développement. À terme, un trop grand nombre de déversements peut même tuer la faune. Les conséquences varient, mais cela peut également affecter l’esthétique de l’eau », explique-t-il.