L’art pour tous d’Ultra Nan
EXPOSITION. Reconnaissable entre tous, le personnage d’Ultra Nan s’est incrusté dans la décor sherbrookois à coups de pinceau faits de douceur, de bienveillance et d’une touche de provocation. Pour sa rentrée automnale, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS) accueille à bras ouverts l’imaginaire de l’artiste derrière cette figure simple et universelle avec l’exposition De qualité fantaisie.
Dès que l’on pénètre dans la grande salle du musée, la magie opère. Tout semble avoir été pensé pour que le visiteur se sentent immergé dans la vision ludique du créateur, lui qui a planché sur ce projet au cours des neuf derniers mois.
L’utilisation de l’espace du rez-de-chaussée est maximisée avec l’installation de différentes structures et de maisonnettes aux couleurs pastel. « La cabane c’est la maison, l’intimité, la famille. C’est un nid cet espace et comme ça fait plus de 20 ans que je travaille dans la construction et la rénovation, c’est devenu un aspect de moi, explique le créateur. J’avais besoin de me rendre là et d’offrir ça. Je réalise que ce n’est pas un collectif, mais moi tout seul qui ai produit tout ça. »
Le montage des quelques 400 œuvres picturales sur les murs de la salle impressionne par sa densité. Une rétrospective des vingt dernières années encapsulées dans des cadres de toutes les formes. « Il y a des pièces que j’aime moins assurément, que je trouve moins efficaces. Mais plusieurs me suivent et il faut comprendre qu’il y a des étapes très personnelles ou des deuils qui ont inspiré certaines œuvres », se remémore Ultra Nan, ajoutant être heureux de partager ces histoires avec le public. « Après, chacun a sa propre interprétation de ce qu’un tel ou tel dessin veut dire. C’est la raison pour laquelle je ne nomme pas les pièces, fait-il remarquer. Je ne veux pas influencer ou diriger la réaction des gens. »
De la rue au musée
Invoquant l’une des missions premières de l’institution, la conservatrice du MBAS, Frédérique Renaud n’est pas peu fière de pouvoir offrir au public une exposition s’adressant à tous les amateurs d’art, aguerris comme néophytes.
« Pour nous c’était vraiment l’occasion de mettre de l’avant ce profil atypique d’artiste. Il est sorti des sentiers battus, n’a pas suivi le profil académique auquel on s’attend et qui a décidé de faire de l’accessibilité le cœur de son projet artistique, mentionne Mme Renaud. L’œuvre phare de l’exposition montre le personnage essayant de toucher les étoiles. C’est de créer cette part d’émerveillement qui est important dans l’expérience pour l’artiste. »
La conservatrice ajoute que malgré son côté ludique, plusieurs pièces ont un message engagé. « Que ce soit en rapport avec des luttes sociales ou l’environnement, il demeure très cohérent dans sa pratique. Il n’achète que très peu de matériaux neufs, préférant de tourner vers ce qu’il peut recycler », donne-t-elle en exemple.
Ultra Nan ne cache pas qu’il aimerait que tous aient du beau dans leur quotidien; qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir des moyens financiers importants pour pouvoir l’apprécier. Il prône d’ailleurs l’activité artistique par et pour tous, indiquant que le monde a besoin de créer afin de sortir de la morosité ambiante.
« Il faut mettre de la magie partout, plus que jamais! Pas celle à dix-mille piastres; de la magie simple. Il faut meubler le vide et enlever le beige pour mettre de la couleur et du vivant! », image ce dernier.
Au sortir de l’expérience qu’il propose, on peut espérer qu’Ultra Nan convaincra chaque visiteur d’adhérer à ce noble objectif.
De qualité fantaisie, au MBAS, jusqu’au 4 janvier 2026
