Le milieu culturel se mobilise pour sa survie

CULTURE. Près de 150 artistes et travailleurs du milieu culturel ont uni leurs voix, samedi dernier (22 février), à Sherbrooke, afin d’exiger une augmentation significative du financement de la culture, par le gouvernement de la -CAQ.

Malgré l’ambiance bon enfant qui régnait devant le Musée des Beaux-arts, les discours prononcés lors du rassemblement indiquaient que l’heure est grave pour les artisans et travailleurs de la scène culturelle.

Cette quatrième grande manifestation en quelques mois se tenait pour demander à nouveau au gouvernement d’augmenter de 100 à 200 millions de dollars le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Actuellement, la part dédiée aux domaines des arts et à la culture n’atteint pas 1 % du budget total de la province.

Plusieurs intervenants se sont succédés au micro pour presser les élus à se commettre pour soutenir le financement des programmes d’exploration et de création, mais aussi de conserver une accessibilité pour le plus grand nombre. En effet, l’annonce de la fin de la gratuité dans les musées les premiers dimanches de chaque mois est un exemple de compressions vivement dénoncé par le milieu.

DES ARTISTES AU BORD DU GOUFFRE

La situation économique des artistes est également sujet de revendications, car ils sont nombreux à avoir de la difficulté à joindre les deux bouts, tout en maintenant leur pratique de création. L’inflation, le coût et l’accès difficile à des locaux ainsi que le manque de prévisibilité des budgets semble en décourager plusieurs. À l’approche du dépôt du budget 2025-26, les acteurs du milieu veulent mettre le maximum de pression sur le gouvernement.

Les organismes dédiés à la promotion de la culture vivent également dans une incertitude constante. Sylvie L. Bergeron, présidente du Conseil de la culture de l’Estrie, constate que leur situation s’est elle aussi précarisée dans les dernières années. Elle croit qu’un important réinvestissement est plus que nécessaire pour assurer la survie de ces structures essentielles à la vitalité de la culture d’ici.

« Ça permettrait d’arrêter l’hémorragie et, sans doute, de consolider ce qui est en marche dans les organismes. Si on parle seulement de l’Estrie, on accuse déjà un retard dans notre financement. On est à deux mois de notre fin d’année financière et on ne sait pas ce qui nous attend », s’inquiète-t-elle.

Elle ajoute que les budgets alloués n’ont pas été indexés au coût de la vie depuis près d’une décennie et qu’un rattrapage est indispensable, bien qu’elle observe une grande lassitude et beaucoup de frustration dans le milieu actuellement.

« Ce qu’on déplore, c’est le manque de vision des décideurs. On répète que les arts ne sont pas une dépense, mais bien un investissement. L’artiste qui reçoit une bourse va la dépenser dans sa communauté. Donc c’est une bonne chose pour l’économie locale aussi », insiste Mme Bergeron.

Son plus grand souhait est de voir une stratégie et un financement prévisible se dessiner à long terme. « Notre culture est notre distinction et avec ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, je pense qu’il faut rester forts », conclut Sylvie L. Bergeron.

D’autres villes ont été la scène de rassemblements similaires ce samedi, notamment à Québec, Chicoutimi, Rimouski et Rouyn-Noranda et devant le bureau de Montréal du ministre de la Culture, Mathieu Lacombe. Rappelons que la présentation du budget du Québec se fera le 25 mars prochain.