L’écoute, « un besoin universel »

JOURNÉE DE L’ÉCOUTE. Derrière les lignes d’écoute d’accompagnement se cachent des humains dévoués qui veulent « faire sentir moins seule » la personne au bout du fil.

Briser la solitude et amener le sentiment d’être entendu sont les valeurs que le service d’écoute Secours-Amitié Estrie met de l’avant depuis un peu plus de 50 ans. L’organisme, qui répond à plus de 10 500 appels par année d’un peu partout en Estrie, insiste sur les effets bénéfiques qu’une activité comme la sienne peut avoir autant sur la population et que ses bénévoles.

« Faire de l’écoute pour rendre service à l’autre permet la découverte de soi. Durant un appel, je vais tranquillement aller vers l’écoute active, qui n’est pas de l’écoute d’intervention ni amicale, c’est vraiment de la présence à l’autre », raconte une personne bénévole de Secours-Amitié Estrie.

Le détachement des situations

« La recette pour se détacher des situations, c’est d’avoir la certitude de changer quelque chose, mais ne pas savoir quoi. D’offrir cette présence-là, je ne verrai malheureusement jamais le résultat. Lorsqu’il y a un contexte difficile et que l’appel prend fin, c’est de me dire que j’ai fait du mieux que je pouvais pour accompagner la personne en difficulté », poursuit cela même personne bénévole.

Par le biais de formations spécialisées, les bénévoles sont outillés pour faire face à toutes sortes de situations de manière « à les entendre sans les vivre ». La majorité des appels dans la dernière année étaient reliés à la solitude et l’anxiété selon les informations fournies par Secours-Amitié Estrie.

L’écoute est « un besoin universel » autant pour l’écoutant que pour l’appelant. Les bénévoles ne sont toutefois « jamais seuls » lors de leurs quarts de travail. Ils ont toujours « des numéros d’urgence » de membres de l’administration à contacter dans le cas où une situation les ébranle trop.

« Ça m’est arrivé avec un appel d’une personne âgée qui voulait mourir et qui pleurait beaucoup. J’étais tellement triste, j’ai été ok tout au long de l’appel, mais après j’ai pleuré. Cette situation me parlait beaucoup, parce que ma mère est âgée. Ça me touche encore », raconte une autre personne bénévole. Cette dernière précise que le fait d’avoir pu discuter avec quelqu’un de son équipe après cet appel lui a permis de « prendre plus soin d’elle ».

La « qualité d’écoute »

Les bénévoles passent à travers un « processus rigoureux » de sélection. Ils doivent d’abord montrer leur intérêt par une année d’engagement, 4 heures par semaine. « Un investissement de soi, c’est aussi aller voir comment moi je me sens, comment je suis attentif à mes besoins pour être capable d’entendre les autres. La qualité d’écoute est importante », explique Mylène Vincent, coordonnatrice des services d’écoute et de formation sur mesure.

Les personnes souhaitant s’impliquer dans un service d’appels doivent avant tout être prêtes à faire un don de soi. « Tous les adultes pourraient devenir bénévoles. Il s’agit de vouloir être présent pour quelqu’un et désirer travailler sur sa capacité d’écoute. Il faut un intérêt pour les humains et respecter leur chemin », indique Patricia Hamel.

Secours-Amitié Estrie est un service offert de 8 h à 3 h tous les jours.