Les mentalités n’ont pas changé

RECYCLAGE. Malgré plusieurs activités de sensibilisation dans les dernières années visant à conscientiser la population à bien faire le tri des matières résiduelles, une grande quantité de déchets se rend encore jusqu’aux établissements s’occupant du recyclage. Le constat de la directrice générale de Récup Estrie, Taraneh Sépahsalari, est que la réalité ne semble pas évoluer au fil du temps.

« On ne remarque pas vraiment la différence », lance simplement celle qui est en poste chez Récup Estrie depuis maintenant 13 ans. L’usine Récup Estrie de la Régie de récupération de l’Estrie assure le tri de matières recyclables produites par plus de 200 000 personnes de la région. À chaque année, ce sont près de 31 000 tonnes de matières qui se retrouvent au centre de tri, soit autour de 540 tonnes par semaine.

Un élément inquiétant concerne la quantité de déchets qui se retrouvent sur les convoyeurs de l’usine. Lorsque l’on observe les données récoltées par l’entreprise paramunicipale, on observe même que le pourcentage de déchets dans le centre augmente graduellement depuis quelques années, passant de 13% en 2018 à 23% en 2022. Cependant, plusieurs éléments sont à prendre en compte lorsque vient le temps d’analyser ces chiffres.

« Il faut considérer que la réalité a beaucoup évolué dernièrement, explique Taraneh Sépahsalari. La quantité de papier a beaucoup diminué avec la disparition de plusieurs journaux papier et puisque de nombreuses industries ont emprunté le virage numérique. De plus, de nouveaux matériaux ont fait leur apparition. Je pense notamment aux emballages multicouches qui sont un cauchemar pour nos machines de tri-optique. »

DE MAUVAISE FOI?

Un fait demeure cependant, encore trop de déchets aboutissent dans le mauvais bac au moment du tri à domicile. Ce n’est pas faute d’essayer du côté de Récup Estrie, qui compte plusieurs programmes de sensibilisation visant à conscientiser la population.  

« En tant que corporation municipale, ça fait partie de notre mission d’être près de la population. On investit beaucoup pour informer les gens et leur indiquer la bonne marche à suivre. On continue de le faire puisqu’on sait que certaines personnes consultent nos ressources », explique Mme Sépahsalari.

Toujours selon elle, il est possible d’identifier deux types de comportements problématiques au moment du tri à la maison. « Évidemment, il y a ceux qui se fichent de ce qu’ils mettent dans le bac et qui balancent tout à la même place. À l’opposé, on retrouve les personnes qui déposent tout au recyclage en pensant bien faire, sans se renseigner. »

AU-DELÀ DE L’ENVIRONNEMENT

Outre les enjeux environnementaux, une mauvaise gestion des déchets peut également engendrer des complications importantes dans les centres de tri.

« En plus d’augmenter la tâche de nos employés et des enjeux de contamination, les matériaux qui n’ont pas leur place dans le centre augmentent le risque de bris des machines, explique le superviseur chez Récup Estrie, Jorge Lamilla. C’est sans compter les dangers d’incendies qui peuvent être liés à des choses comme les batteries au lithium, que l’on retrouve encore beaucoup trop souvent », complète-t-il.

INNOVATIONS À VENIR

Malgré ce constat,  Mme Sépahsalari affirme qu’il n’est pas question d’appuyer sur le bouton panique. Elle mentionne que l’acquisition de nouveaux appareils et l’augmentation récente de la superficie de l’usine devraient permettre de réduire considérablement le taux de déchets chez Récup Estrie.

«Pour les centres de tri, c’est important d’être à l’affut des innovations technologiques. Nous allons nous doter de nouveaux équipements qui devraient nous permettre de diminuer d’au moins 40% les rejets et d’augmenter la qualité des matières valorisées. »

Entre temps, l’ingénieure de formation rappelle aux citoyens de prendre conscience de ce qu’ils déposent dans leur bac de recyclage et que plusieurs ressources sont disponibles pour répondre à leurs questions.

« On invite les gens à consulter notre site Internet, nos réseaux sociaux ou même encore à venir nous visiter pour en apprendre davantage sur le fonctionnement de l’usine. Prenez le petit deux minutes pour vous assurer de mettre les choses à la bonne place. On parle souvent de faire une différence, en voici un moyen très facile », conclut la directrice générale.