Montrer sa solidarité et décrier la violence faite aux femmes
MANIFESTATION. Le 6 décembre marque un jour sombre dans l’histoire du Québec. Afin de souligner le féminicide de 14 étudiantes à Polytechnique il y a 35 ans, mais aussi de dénoncer la violence que subissent de trop nombreuses femmes, un appel est lancé à la population pour qu’elle participe à une grande marche ce vendredi après-midi, à partir du Cégep de Sherbrooke.
Toujours d’actualité, cette situation est observée par les intervenants qui œuvrent auprès des victimes de violence conjugale. Rose (nom fictif) est à même de constater que la sensibilisation demeure plus que jamais nécessaire et qu’un événement comme cette marche concerne tous les citoyens.
» Cette année c’est le premier événement que l’on organise pour conclure les 12 jours d’action contre la violence faites aux femmes. En plus de commémorer la tuerie du 6 décembre 1989, on veut rappeler que 25 femmes sont mortes par féminicide en date du 22 novembre 2024 « .
C’est sous le thème » Pour faire taire le silence « , que le comité de sensibilisation formé par la Table en violence conjugale de l’ESTrie, propose une action forte et visible.
PLUS DE DEMANDES À L’AIDE
Bien que la violence conjugale ait toujours existé, la médiatisation du phénomène, particulièrement avec l’avènement de la pandémie, semble avoir donné un élan à la demande d’aide aux organismes. » Les victimes qui étaient enfermées avec des auteurs de violence, c’est sûr que ça a eu une incidence sur l’augmentation des crises et de la demande pour nos services. C’est vrai que les gens en parlent plus aujourd’hui, mais c’est un sujet qui est encore tabou « , remarque Rose.
L’intervenante à la Maison Séjour se dit consciente que chaque personne vivant de la violence a un vécu différent, mais que les services offerts sont adaptés pour l’appuyer pour qu’elle puisse se sortir du cercle de violence dans lequel elle est prise. Lorsqu’on lui demande comment elle s’y prendrait pour convaincre une personne de demander de l’aide, Rose répond sans hésiter.
» On la croit et on va aller à son rythme et selon son besoin. On va trouver des scénarios de protection et tenter de comprendre les mécanismes qui la garde prisonnière de cette relation. Il faut qu’elle sache qu’on est là pour elle, qu’on va lutter avec elle et qu’on l’entend aussi « , illustre l’intervenante.
LA PRÉVENTION, ÇA DONT COMMENCER AVEC LES JEUNES
Intervenir est important et prévenir l’est d’autant plus. Les organismes du milieu sont donc sollicités par les institutions d’enseignement pour partager leur expertise avec des ateliers s’adressant aux jeunes du 2e cycle du secondaire. » On essaie de toucher le plus grand nombre de jeunes que possible parce que ça doit se faire très tôt. D’être capable de mettre des limites dans les relations, de voir les drapeaux rouges, d’identifier les comportements qui ne sont pas corrects et au contraire de voir ce qu’on peut faire. Mais à la fin, chaque personne doit s’y mettre pour montrer aux jeunes et aux homme qu’est-ce qui n’est pas acceptable « , explique Rose. Elle ajoute que s’ils ne sont jamais confrontés, le cycle va se poursuivre et ces comportements toxiques vont se répéter, parfois même s’amplifier.
Le message doit aussi être compris et reçu par les filles, qui n’ont pas toujours les mots et la confiance pour identifier et dénoncer les violences qu’elles subissent lors de leurs premières relations amoureuses. » La violence ne devrait jamais faire partie d’une relation. Quand ton copain t’isole de ta famille, fait des commentaires négatifs sur les gens de ton entourage pour te garder plus près de lui, c’est comme une toile d’araignée qu’il tisse autour de toi pour que ce soit difficile de quitter la relation « , image Rose.
Parfois installée de façon insidieuse, la violence peut prendre différentes formes avec le cyberharcèlement par message, la géolocalisation du cellulaire ou par un interrogatoire en règle au retour d’une sortie avec des proches par exemple.
UN ENJEU QUI CONCERNE TOUT LE MONDE
La marche sera le point culminant de la campagne » 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes « , débutée le 25 novembre. Certains ont d’ailleurs pu voir à chaque jour, des photos choc accompagnées de citations démontrant la réalité de femmes aux prises avec des (ex)conjoints violents, sur les page Facebook de la Maison Séjour et de l’Escale.
Les citoyens pourront donc conclure cette campagne aux côtés des organismes impliqués et des femmes, en se joignant à cette marche avec leurs pancartes à 13h, à partir du Pavillon 3 du Cégep de Sherbrooke situé au 200 Rue Terrill.