Sensibiliser les aînés aux réalités LGBTQ+

AÎNÉS. Bien que les mentalités aient évolué en ce qui concerne les personnes de la communauté LGBTQ+ au cours des dernières décennies, certains préjugés demeurent bien présents. Peu importe la génération, la sensibilisation demeure l’arme la plus efficace pour arriver à changer les idées préconçues. C’est l’objectif du projet Arc-en-ciel, développé par le GRIS Estrie pour les aînés vivant en RPA.

Chargé de projet au GRIS Estrie, Dimitri Côté est très conscient que le dialogue ne règlera pas tout, mais qu’avec de l’écoute et de la bonne volonté, les esprits peuvent s’ouvrir à la différence. Le projet Arc-en-ciel en est un bon exemple, puisque le concept a été réfléchi afin d’aller à la rencontre des aînés vivant en résidence.

« Ce sont des activités de café-causerie qui sont inscrites dans le cadre d’un projet plus large appelé Pour que GRIS soit arc-en-ciel. Elles ont été montées par des aînés membres de l’organisme. Son objectif est de faire de la sensibilisation dans les résidences privées pour créer des milieux plus inclusifs et ouverts à la diversité sexuelle et de genre ainsi que de briser l’isolement des aînés vivant cette réalité dans les RPA à travers l’Estrie », explique M. Côté.

Il s’agit aussi d’établir un premier contact dans ces milieux et de susciter la curiosité et l’intérêt des résidents. Au fil des discussions, des outils et des actions sont proposés pour que les personnes deviennent de acteurs de changement et d’inclusion pour tous les résidents.

« On veut que ce soit une démarche qui soit près des gens, on veut établir une connexion avec notre communauté. En se déplaçant dans leur milieu, on veut les interpeller et de les engager dans un travail collectif », ajoute le chargé de projet.

RENTRER DANS LE PLACARD UNE FOIS EN RÉSIDENCE

À l’image de la société, la discrimination que vivent les personnes LGBTQ+ a un impact sur leur quotidien et sur leur affirmation de soi. Le constat : près de 60 % des aînés de la diversité sexuelle et de genre vivant en RPA, cacheraient cette partie de leur identité aux autres résidents. La moitié des aînés de la communauté ne veulent pas s’installer en résidence, de peur de vivre des expériences discriminatoires.

« Ce qu’on observe aussi comme phénomène depuis quelques années, c’est un retour dans le « placard » de certaines personnes qui ont vécu toute leur vie en étant ouvertement « out », mais qui décident de se cacher par crainte de vivre des expérience d’homophobie ou de transphobie entre les murs des résidences. On sait que ça se produit à plusieurs endroits », relate Dimitri Côté.

La formule permet des échanges francs et conviviaux, où l’humour et la compassion sont de puissants vecteurs pour désamorcer les tensions et l’hostilité.

Une première visite a été faite dans la MRC du Granit l’automne dernier et la réception a été très positive aux dires de M. Côté. L’ouverture d’esprit et la curiosité de participants ont agréablement surpris les intervenants.

« On a eu un très bel accueil! Les gens étaient vraiment intéressés. La rencontre était informelle et on a soumis un petit quiz à la dizaine de résidents. Bien sûr, c’était un prétexte pour faciliter la discussion. On peut penser que les aînés vont être choqués par le sujet, mais au contraire, plusieurs ont partagé des histoires et des anecdotes de leur propre vie ou d’expériences vécues dans leur entourage ».

Huit RPA dans différentes MRC de la région ont accepté d’accueillir les représentants du GRIS Estrie pour offrir cette activité à leurs résidents au cours de l’hiver. Un deuxième volet au projet Arc-en-ciel sera proposé au printemps. Cette fois, avec la conférence intitulée Moi dans mon temps, il n’y en avait pas , qui va adresser plus directement le vécu des aînés LGBTQ+ d’hier à aujourd’hui. On veut aussi démystifier et expliquer le vocabulaire et les termes utilisés pour décrire et distinguer leurs réalités.

UNE PLATEFORME POUR S’Y RETROUVER

L’organisme va profiter de cette fenêtre avec le lancement d’une plateforme web nommée Le réseau des personnes aînées pour la diversité . L’initiative, développée avec des membres de la communauté, servira à donner des conseils, des ressources et de l’aide grâce à un simple clic.

« À travers ce site, on a une plateforme de clavardage, une offre d’activités virtuelles et un calendrier d’événements. C’est aussi pour ceux et celles qui souhaitent briser leur isolement en créant des liens. À partir de février, on va faire une petite tournée régionale avec une activité de lancement dans cinq lieux différents », précise M. Côté. Il ajoute que ce sera l’occasion d’aller à la rencontre de citoyens, d’alliés et de toute personne en dehors des RPA intéressée à découvrir ce nouvel outil.

« C’est important qu’une personne aînée LGBTQ+ provenant d’un milieu rural ne se sente pas obligée de déménager à Sherbrooke ou en région urbaine pour la fin de sa vie, fait remarquer l’intervenant. Elle souhaite vraiment rester dans un endroit accueillant, dans son village pour garder son réseau social, chose qui est tellement importante ! ».

Et qu’en est-il de ceux qui résistent ou qui sont réfractaires à voir cette réalité ? Les dernières années ont été marquées par une recrudescence des actes de violence et de remise en question des droits des personnes de la communautés. « Souvent, la fermeture prend racine dans la méconnaissance d’une réalité, d’une peur de ce que l’on ne connait pas. En offrant plus de modèles et de visibilité à cette réalité, on vient briser cette peur », conclut Dimitri Côté.

Informations : reseauainediversite.org