Sherbrooke se prépare à faire face aux tarifs douaniers
TARIFS. Les industries de Sherbrooke se préparent au pire face aux menaces de tarifs douaniers du président des États-Unis, Donald Trump. Ces tarifs pourraient influencer le cours des prochains mois pour de nombreuses entreprises estriennes et sherbrookoises. De son côté, la Ville de Sherbrooke mettra sur pied « une cellule composée notamment d’experts économiques » en lien avec ces tarifs douaniers.
Rappelons que, depuis son investiture, Trump menace le Canada d’imposer des tarifs douaniers pouvant atteindre 25 %, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour les industries du Québec, y compris celles de Sherbrooke. Ceux-ci ont été mis sur pause pendant un mois après des négociations entre Justin Trudeau et Donald Trump.
En marge d’une conférence de presse, lundi (3 janvier), la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, a affirmé que la ville se positionnait pour soutenir les différents paliers de gouvernement.
« Ce qu’il faut faire, c’est se concerter. Il faut éviter, selon moi, de se laisser dominer par un sentiment de panique face à une crise économique qui pourrait survenir prochainement. On a la chance d’avoir l’Université de Sherbrooke; des experts peuvent nous conseiller sur les actions à entreprendre. Il faut éviter de se lancer dans toutes les directions avec des solutions précipitées. Parfois, cela pourrait être un coup d’épée dans l’eau », a déclaré Mme Beaudin.
La mairesse estime que Sherbrooke a un rôle à jouer en tant que leader en Estrie, tout en rappelant que les industries locales dépendent fortement des échanges avec les États-Unis.
« Je crois que la région de l’Estrie, en raison de sa proximité avec la frontière, aura un rôle de leader à jouer par rapport à l’intérieur du Québec. Je pense que le moment est venu de mettre de côté nos allégeances politiques et de se concentrer uniquement sur la tâche à accomplir. On peut se sentir impuissants, mais la meilleure façon d’être forts, c’est d’être unis », a-t-elle ajouté.
Mme Beaudin s’est également dite satisfaite de la réaction des gouvernements fédéral et provincial.
« Les réactions des gouvernements me semblent appropriées. Nous sommes Sherbrooke. Par rapport au président américain, nous n’avons pas de pouvoir d’influence direct. Il faut se positionner en alliés et voir comment nous pouvons jouer un rôle pour documenter la situation. »
Les industries sont inquiètes
Pour le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Sherbrooke, Bruno Mecatti, il est crucial que les industries se préparent à toute éventualité.
« Il va falloir que plusieurs entreprises revoient leur plan d’expansion vers les États-Unis en envisageant plutôt des débouchés dans d’autres provinces canadiennes, voire en Europe. Le marché interprovincial est un bon marché, et je crois que ce sera l’une des solutions à privilégier », a-t-il expliqué.
Une chose est certaine : l’incertitude demeure vive chez les membres de la Chambre, dont plusieurs font des affaires avec des partenaires américains.
« C’est certain qu’ils sont inquiets. Certains ont des usines aux États-Unis, donc il y a beaucoup d’incertitude. Il y a encore de nombreuses questions. Les tarifs douaniers n’avaient pas été remis en question depuis très longtemps, et les États-Unis sont nos voisins directs. C’est donc un marché naturel pour nos industries », a précisé M. Mecatti, soulignant l’importance de faire preuve de créativité et d’innovation pour surmonter cette période difficile.
La crainte principale de M. Mecatti, si la situation ne se résorbe pas rapidement, concerne les pertes d’emplois potentielles.
« Ce sont parmi les conséquences probables si la situation ne s’améliore pas pour les entreprises. Mais je crois que si les gens consomment localement, cela peut nous aider à traverser cette période difficile », a-t-il conclu.