Violence conjugale: on donne le droit à son ex de s’approcher d’elle

VIOLENCE CONJUGALE. Isabelle Simpson croyait être en paix lorsque son ex-copain, qui fait face à des accusations de voie de fait contre sa personne, a reçu l’obligation de porter un bracelet anti rapprochement en attente de son procès. Ce qu’elle ignorait, c’est que cette mesure serait modifiée pour permettre à son présumé agresseur de travailler à deux coins de rue de chez elle.

Mme Simpson vivait l’enfer avec son conjoint depuis leur rencontre, il y a cinq ans. Celui-ci a d’ailleurs déjà été reconnu coupable de violence conjugale envers elle. Lorsqu’il est sorti de prison, il est entré de nouveau dans la vie de Mme Simpson, et le cauchemar a recommencé. 

Lorsqu’elle s’est finalement décidée à mettre un terme à leur relation, en juillet dernier, il a pété les plombs, une fois de trop. « Je lui avais dit que je ne voulais plus le voir, que j’en avais assez. Il est parti pendant une fin de semaine et j’en ai profité pour installer des crochets sur ma porte. Quand il est revenu, parce que je ne répondais plus à ses appels, il l’a défoncée et m’a battue. Une voisine l’a vu et a appelé la police. »

En attendant son procès, l’ex de Mme Simpson se devait de porter un bracelet électronique l’empêchant de s’approcher à moins de 1,5 km de sa résidence. Cependant, le 13 octobre dernier, elle apprend que son présumé bourreau, qui habite actuellement à Drummondville, pourra briser ce périmètre de sécurité.

« La procureure m’a appelée pour me dire qu’il avait obtenu la permission de venir travailler sur un chantier tout près. J’étais sans mot. C’était comme s’il était assis à côté de moi. »

La nouvelle eu l’effet d’une bombe pour Isabelle Simpson. Elle a même aperçu son ex en passant en voiture près de son lieu de travail.

« J’ai figé. Après, c’était l’enfer. Je repensais à toute la violence qu’il m’avait fait subir. Des choses que j’avais oubliées et que je pensais pouvoir laisser derrière. Je suis restée enfermée chez moi pendant 12 jours. J’avais trop peur de sortir. »

QU’EN EST-IL DES VICTIMES?

Cette décision de la cour est tout simplement incompréhensible, selon l’intervenante du CALACS Agression Estrie, Marie-Michelle Whitlock, qui dénonce la situation en compagnie de la député de Sherbrooke, Christine Labrie, et de l’organisme L’Escale de l’Estrie.

« À la cour, ils ne pensent pas aux victimes. Ils jugent que puisque le bracelet va sonner, la police va avoir le temps d’intervenir quand même. Ce qu’ils oublient, c’est tout ce que ça implique pour la victime. Les conséquences psychologiques, la peur, l’anxiété, etc. »

Ces différents intervenants se sont alliés en souhaitant que la dénonciation de l’histoire d’Isabelle Simpson entame un processus de réflexion dans le milieu judiciaire en ce qui a trait à la sécurité des victimes.

J’ai l’impression que ça discute déjà dans les bureaux des procureurs, souligne Mme Whitlock. Parfois, il faut déranger pour que ça bouge. »