«Vous avez le droit d’être heureuses»
CALACS. Près d’une centaine de personne se sont rassemblées au Café 440 de la rue Wellington Sud, jeudi dernier, pour échanger sur la question de l’exploitation sexuelle. Quatre panellistes expertes ont notamment échangé sur leur expérience dans le milieu.
Organisée par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Agression Estrie, l’activité « Lumière sur l’exploitation sexuelle », animée par la réalisatrice du film « Noémie dit oui », Geneviève Albert, visait à éclairer la population sur cette problématique, tout en soulignant la journée internationale de la non-prostitution.
L’état de la situation en Estrie, le rôle des corps policiers et le problème de la normalisation de la prostitution ont notamment été abordés.
La cofondatrice du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement (CAFES), mère de famille et survivante du monde de l’exploitation sexuelle, Rose Sullivan, a également témoigné de son expérience difficile.
Elle a terminé son récit par un message d’espoir aux femmes victimes de la prostitution. « Se pardonner, ce n’est pas facile pour certaines, mais vous avez le droit d’être heureuses. J’encourage toutes les femmes à faire comme moi et demander de l’aide », a lancé Mme Sullivan sous les applaudissements de la salle.
À la fin de l’activité, un ensemble d’œuvres d’art d’un groupe de survivantes ont été présentées au public. Ces pièces illustraient le parcours de ces femmes et les conséquences de la prostitution.
UNE RÉALITÉ ALARMANTE
Cette période d’échange faisait également référence au projet de recherche du CALACS, qui entre 2017 et 2019 a dressé un portrait de l’exploitation sexuelle en Estrie. Ce projet a permis de constater que cette problématique est bien présente dans la région et qu’elle peut prendre plusieurs formes.
« La prostitution, c’est quelque chose d’encore très tabou, explique l’intervenante aux communications du CALACS Agression Estrie, Kelly Laramée. On a tendance à croire que c’est uniquement dans les grands centres comme Montréal que ça se trouve, mais seulement en Estrie, on effectue environ 200 interventions par année. Je crois que ça illustre qu’il y a vraiment un problème. »
La recherche a également permis d’identifier certains groupes plus à risque de se retrouver dans l’univers de l’exploitation sexuelle. « À Sherbrooke, on évalue que l’âge moyen d’entrée dans le milieu de la prostitution est de 14 ou 15 ans, constate Kelly Laramée. Également, toutes les femmes qui sont à la croisée des oppressions sont davantage « touchées » par cette réalité. Je parle entre autres des femmes immigrantes, racisées ou issues de la diversité sexuelle. C’est pourquoi il faut continuer d’en parler et de sensibiliser les gens sur la situation », conclut-elle.
Pour en apprendre plus sur la question de l’exploitation sexuelle et les services disponibles à la population, visitez le calacsestrie.com/projet-emeraude/lexploitation-sexuelle-estrie/