Le NPD est prêt à faire de l’assurance-médicaments un enjeu électoral

HAMILTON — Les membres du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont bien l’intention de faire de l’assurance-médicaments une question centrale lors de la prochaine campagne électorale si les libéraux ne respectent pas les exigences de leur formation lorsqu’ils présenteront un projet de loi à ce sujet dans les prochaines semaines.

Les libéraux ont promis de déposer un projet de loi sur l’assurance-médicaments cet automne dans le cadre de l’entente de soutien et de confiance qu’ils ont conclue l’an dernier avec le NPD pour assurer la survie du gouvernement minoritaire jusqu’en 2025.

Cet accord appelle à «continuer de progresser vers la mise en œuvre d’un régime universel d’assurance-médicaments» en adoptant une première loi à ce sujet d’ici la fin de 2023.

Réunis en congrès cette fin de semaine à Hamilton, les délégués néo-démocrates ont cependant fixé une ligne à ne pas franchir pour les libéraux: ils devront s’engager en faveur d’un programme d’assurance-médicaments «universel, complet et entièrement public».

La directrice nationale du NPD, Anne McGrath, a d’ailleurs souligné que l’obtention d’un projet de loi fort sur l’assurance-médicaments sera la priorité absolue du parti lors des prochaines séances de la Chambre des communes.

Et si le NPD finit par mettre un terme à son entente avec les libéraux parce qu’il n’obtient pas les dispositions qu’il juge essentielles: «L’assurance-médicaments sera une question soumise aux urnes», a-t-elle tranché en entrevue avec La Presse Canadienne.

Devant environ 1200 délégués de son parti, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a partagé un message d’espoir dans son discours d’ouverture samedi, tentant de positionner le NPD comme un parti capable d’insuffler du changement.

«On va bâtir un Canada où on prend soin les uns les autres», a souligné M. Singh, qui a obtenu 81 % lors de son vote de confiance.

M. Singh et son caucus ont également apporté leur soutien à la résolution non contraignante sur l’assurance-médicaments universelle, un sujet qui a dominé le congrès.

«Un projet de loi faible ne sera pas acceptable pour les néo-démocrates», a réitéré Mme McGrath.

«Il doit être fort. Il doit avoir du mordant. Et j’ai l’impression que cette résolution a donné à Jagmeet et au caucus beaucoup de pouvoir de négociation. Elle leur donne un bon rapport de force.»

Cependant, même si un projet de loi était présenté d’ici décembre, on ne sait pas exactement quand un programme pourrait être opérationnel ni quand les Canadiens pourraient commencer à économiser de l’argent en allant chercher leurs ordonnances.

Accord fragile

L’accord de soutien et de confiance assure au gouvernement libéral minoritaire l’appui du NPD lors de votes clés à la Chambre des communes, comme les budgets et le discours du Trône.

Or, les néo-démocrates ont clairement fait savoir cette fin de semaine qu’ils seront prêts à rompre cet accord s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils recherchent en matière d’assurance-médicaments.

Le porte-parole du NPD en matière de Santé, Don Davies, a précisé samedi que la fin de l’accord ne signifierait pas automatiquement que le parti ferait pression pour déclencher des élections, mais qu’il examinera plutôt ses options afin de soutenir les propositions libérales un vote à la fois.

Les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025. Mais comme les libéraux ne disposent pas d’une majorité à la Chambre des communes, ils doivent convaincre au moins une dizaine de députés de l’opposition de voter avec eux pour pouvoir adopter un projet de loi et, surtout, survivre aux votes de confiance.

«Quoi que nous réservent les prochains mois, nous savons que nous devons être prêts pour des élections», a glissé Mme McGrath.

Les néo-démocrates, qui font campagne depuis longtemps pour intégrer l’accès universel aux médicaments d’ordonnance au système public de santé, croient que l’assurance-médicaments est une question qui les distingue des libéraux.

Les libéraux ont fait campagne en promettant de mettre en œuvre un programme national d’assurance-médicaments lors des élections de 2019, mais n’ont pas renouvelé cette promesse lors de la campagne électorale de 2021.

Ils ont présenté une première ébauche de projet de loi sur l’assurance-médicaments au NPD dans les dernières semaines, mais les néo-démocrates l’ont rejetée, a appris La Presse Canadienne, car elle ne respectait pas leurs conditions.

En réaction, le ministre de la Santé, Mark Holland, avait parlé de négociations «extrêmement fluides» entre son parti et le NPD sur la question de l’assurance-médicaments.